
Cet article connaît malheureusement un très vif succès depuis la création de notre blog. Et il me semble à la lueur de ce que je vis chaque jour, que ce phénomène de phobie scolaire est toujours grandissant au fur et à mesure des années.

En effet, il y a 25 ans, lorsque nous recevions un appel de parents inquiets car leur enfant souffrait de phobie scolaire, nous étions déjà surpris, aujourd’hui ce sont deux ou trois appels ou mails que nous recevons quotidiennement pour ce problème. Il y a donc un vrai problème, mais d’où cela vient-il ? De plus, ce souci commence maintenant de plus en plus tôt parfois même en maternelle.

Je m’interroge chaque jour sur ce phénomène si triste de notre société et je ne peux qu’émettre des suppositions : est-ce le climat familial qui est plus difficile à cause des problèmes de divorces, d’emplois, de maladies ? Mais ceci a toujours existé. Est-ce que l’école actuelle n’est plus adaptée à nos enfants ? ça je le pense sincèrement. En effet, la société a énormément évolué ces dernières 20 années, et l’école très peu donc il y a forcément un problème d’adaptabilité du système actuel aux jeunes d’aujourd’hui. Il est vrai que dans notre établissement, “Le Lycée Montessori International Athéna“, nous accueillons souvent des jeunes en mal être et que peu à peu ils retrouvent le sourire et surtout le goût d’aller à l’école et d’étudier. Donc c’est bien que ce que nous proposons est plus adaptée à ces jeunes. Et encore, nous devons réfléchir encore et encore et faire nous aussi évoluer notre pédagogie. Et c’est ce que nous faisons chaque jour avec notre équipe pédagogique.
C’est ainsi que maintenant nous avons abonné chacun de nos élèves à l’application “Kwik” car il me semble évident que ces programmes sur ordinateur sont vraiment adaptés aux jeunes d’aujourd’hui. En effet, sans en abuser bien sûr, il nous faut savoir utiliser ce que le numérique leur apporte de positif : faire et refaire des exercices sur son ordinateur, avec des corrigés, un suivi personnalisé par l’enseignant, et une notation qui compte pour leurs moyennes, est forcément un outil très adapté.

La relation avec l’enseignant me semble également primordiale car le professeur doit être une personne de confiance, avec qui les élèves peuvent dialoguer, recevoir des encouragements, une sorte de “coach”. Et là je pense que le rôle de l’enseignant est en train de beaucoup évoluer et c’est nécessaire. Ce ne doit plus être uniquement une personne qui transmet le savoir… Lorsque je constate, chaque jour, la disponibilité et la qualité de communication qui existent entre nos enseignants et nos élèves, je comprends que les enfants se sentent bien chez nous. La preuve, même le bac obtenu, ils reviennent les voir régulièrement dès qu’ils le peuvent, partent en voyage humanitaire avec certains, nous invitent à leur mariage, etc…
L’environnement scolaire me semble aussi très important. Maria Montessori a toujours évoqué “l’environnement préparé” et je pense qu’il a son importance également. Nous avons fait le choix d’un environnement familial avec peu d’élèves, le mélange des petits et des grands, et une bonne connaissance de chacun. Je pense que cela permet aussi de trouver sa vraie place. Je l’explique dans un de mes livres : “Montessori au collège“.
Je partage donc à nouveau l’article ci-dessous qui reste tout à fait d’actualité :
Les critères des moteurs de recherche montrent que vous êtes nombreux quotidiennement à interroger Internet au sujet de la phobie scolaire, fléau qui a tendance à se développer dans toutes les couches de notre société. J’aimerais dans cet article tenter de répondre aux personnes qui font des recherches en ligne sur ce sujet douloureux et aboutissent sur les articles de mon blog.
Pendant 20 ans à la direction pédagogique du Lycée International Montessori de Bailly, j’ai été mise en contact chaque année avec des enfants ou des adolescents atteints de phobie scolaire parfois très grave qui, sur le conseil de médecins ou de psychologues, souvent en désespoir de cause, étaient orientés vers mon école dans l’espoir d’y trouver une solution.

J’avais en effet créé au Lycée International Montessori un outil de travail et un environnement particulier, basés sur les méthodes pédagogiques de Maria Montessori, qui me permettaient d’établir une relation individuelle avec les élèves et plus particulièrement avec ceux qui s’inscrivaient chez moi en raison de leur souffrance due à la phobie scolaire. C’est la raison pour laquelle j’ai pu, en créant une relation de confiance, à force d’attention et de dialogue, aider la plupart de ces enfants et de ces jeunes parfois en grande détresse à se rétablir progressivement pour finalement reprendre une scolarité normale. Un précédent article de ce blog fait état de ce travail, de cette expérience, et propose quelques témoignages de jeunes gens qui se sont rétablis grâce à cette attention de chaque instant et à l’environnement très adapté que j’avais créé.
Le terme « phobie scolaire » cache souvent des problèmes qui peuvent trouver leur source dans l’environnement familial de l’enfant, dans le comportement des parents (relation symbiotique), dans le rythme quotidien de l’adolescent qui vit une transformation complète de son métabolisme : manque de sommeil, anorexie, addiction à l’alcool, aux drogues ou aux jeux informatiques, comportement d’opposition, dépression, phobie sociale, trouble d’apprentissage, etc…
Globalement, selon l’âge et l’environnement de l’enfant, cette phobie scolaire prend quatre formes principales :

– Le refus scolaire du à l’angoisse de séparation (relation symbiotique avec la mère ou, plus rarement, avec le père). Ce refus scolaire concerne surtout les jeunes enfants et peut laisser de profondes séquelles dans la suite de la scolarité.
– Le refus scolaire du à une phobie sociale : crainte de la critique, de l’évaluation et du jugement des autres. Cette phobie sociale se retrouve aussi chez les adultes dans le monde du travail…
– Le refus scolaire du à une anxiété de performance, notamment pour les enfants doués ou précoces et particulièrement pour les adolescents qui ont toujours eu de très bons résultats et que leur proche environnement ou eux-mêmes mettent sous le poids d’une trop forte exigence.

– Le refus scolaire peut aussi résulter d’une accumulation d’échecs dus à des difficultés d’apprentissage détectées tardivement ou mal interprétées. Les mauvaises notes, les évaluations négatives, les redoublements de classe sont extrêmement préjudiciables à l’enfant en difficulté. Les écoles qui mettent en oeuvre les pédagogies alternatives et qui privilégient un suivi individuel des élèves favorisent la détection des troubles d’apprentissage et n’ont jamais recours à ces méthodes inutiles, inefficaces et dégradantes.
Notre société et notamment l’Education nationale considèrent la phobie scolaire comme un problème annexe (et négligeable) du à la grande sensibilité et aux transformations de la période d’adolescence.

Les phobies scolaires y sont classées au rang des statistiques et rien n’est vraiment prévu pour une prise en charge de ces souffrances parfois très graves qui sont pourtant actuellement en forte hausse. Une réelle prise de conscience des institutions serait nécessaire. De nombreux professeurs honnêtes et consciencieux sont sensibilisés à ce problème et tentent d’aider ceux de leurs élèves qui sont en souffrance. Leurs possibilités d’action sont malheureusement dans ce domaine très restreintes et ils obtiennent peu ou pas de résultat, notamment en raison de l’absence de traitement individuel des élèves dans la plupart des établissements scolaires et de la relative “inhumanité” qui en découle.

Chaque être est différent et les manifestations de la phobie scolaire sont différentes selon les enfants. C’est la raison pour laquelle il n’existe pas une solution unique pour tous. L’expérience que j’en ai me permet de dire néanmoins qu’il existe toujours une solution. La base de cette solution tient dans la relation de confiance que l’adulte “accueillant” en milieu scolaire – et les parents – doivent réussir à rétablir avec l’enfant en souffrance. Il faut souvent faire beaucoup d’essais et ne surtout pas désespérer car cela demande parfois beaucoup de temps. Il faut donc être très patient, à l’écoute… Cette relation de confiance permettra de montrer à l’enfant ou au jeune que l’on croit en lui, en ses capacités, et que l’on est persuadé(e) qu’il va trouver son chemin et se sortir de cette crise douloureuse.

Ce problème arrive la plupart du temps à des jeunes très sensibles qui, consciemment ou non, accusent leurs parents, et le monde des adultes en général, de les avoir plongés sans aucun recours dans un milieu anxiogène et hostile. La façon dont les parents vivent ce moment difficile est essentielle pour l’enfant. Il ne faut surtout pas le faire culpabiliser en lui montrant tristesse et inquiétude car il se sent souvent coupable de donner du souci à ceux qu’il aime. Sa souffrance en est toujours exacerbée.
Si vous sentez que votre enfant va mal, il est préférable de le retirer de l’établissement dans lequel il est scolarisé. Il se peut que cet établissement ne soit pas la cause première de cette phobie, cependant les lourdes exigences et les stress multiples de la vie scolaire tendent à focaliser et augmenter toutes les angoisses qui entretiennent et rendent à terme cette souffrance insupportable. De plus, l’enfant souffrant de phobie scolaire se sent mal par rapport à ses camarades car l’adolescent n’aime pas être différent, il est donc souvent bénéfique de l’éloigner de ses camarades qui suivent une scolarité normale.

Le mieux est donc de laisser votre enfant au repos – en arrêt maladie – et de l’aider ensuite à se reconstruire pendant le temps nécessaire à une convalescence qui peut être très longue. Soyez vigilants de ne pas l’isoler totalement des autres car il aura tendance à préférer être seul, ce qui n’est pas souhaitable.

Il faut qu’il continue certaines activités sociales et aille à la rencontre d’autres jeunes par le biais d’activités sportives, artistiques, etc… L’importance d’appartenir à un “clan” est primordiale, notamment à l’âge de l’adolescence.
Pendant ce temps de reconstruction, cherchez un établissement mettant en oeuvre une pédagogie différente basée sur l’individualité de chaque enfant. Vous pouvez consulter « le guide annuaire des écoles différentes » (lien ci-dessous) et prendre rendez-vous avec les dirigeants de ces établissements pour qu’ils vous expliquent comment ils s’occupent des élèves en phobie scolaire et ce qu’ils sont prêts à mettre en place pour eux. Je pense qu’il est très important de changer totalement l’enfant d’ambiance afin qu’il prenne conscience qu’il existe d’autres manières d’étudier et que le corps enseignant peut être lui aussi très différent.

Il est aussi possible d’envisager pour lui d’autres orientations. Essayer de réfléchir à d’éventuelles passions qu’il pourrait avoir et chercher toutes les formations correspondantes. J’ai souvent remarqué que la musique est une grande aide pour ces jeunes. Ils y trouvent un moyen de libérer leurs angoisses, ce qui rend les choses plus faciles. Avec deux élèves que j’ai bien connus, le fait de leur offrir un animal de compagnie les a aussi considérablement aidés…

La phobie scolaire peut venir du fait que le jeune pense qu’il n’obtient la reconnaissance et l’amour de ses parents (et des adultes) que par sa réussite scolaire. Les adultes doivent donc lui montrer qu’ils l’apprécient pour de nombreuses autres raisons et que le critère d’évaluation des résultats scolaires, assez peu fiable, est loin d’être le plus important pour eux. Souvent l’approche du baccalauréat stresse beaucoup les jeunes gens. Mais qu’est-ce qu’un baccalauréat par rapport au fait d’être vivant et en bonne santé ? Et que représente le baccalauréat de nos jours? Peu de choses en vérité…

Les adultes ont trop souvent tendance à faire peser sur leurs enfants la crainte de l’avenir professionnel, crainte souvent basée sur une donnée fausse : un bon élève a forcément un bel avenir, un mauvais élève est voué à l’échec… Ceci pèse considérablement sur la conscience de l’enfant qui devient terrorisé par son avenir avec des conséquences annihilantes qui peuvent aller jusqu’au suicide. Les évaluations des élèves sont, dans le système traditionnel, basées sur les bonnes et mauvaises notes distribuées selon des critères non choisis et souvent selon des appréciations subjectives… Ces évaluations sont-elles si fiables qu’on leur accorde une telle importance ? Combien de grandes réussites de l’économie internationale n’ont pas fait ou ont interrompu leurs études : Steve Jobs, Bill Gates, Larry Ellison, Michael Dell, etc…? N’oublions pas que, dans notre système scolaire traditionnel, plus de 50% des enfants précoces font des études médiocres voire même pas d’études du tout…
Il est donc important de rechercher des formations au départ plus courtes et plus faciles dans lesquelles l’enfant pourra s’épanouir sans évaluation sanction et sans la peur de l’échec qui est une cause importante de phobie scolaire. Il pourra toujours rejoindre ensuite une filière plus classique s’il le souhaite.

L’important étant qu’il reprenne goût aux études. Ne pas négliger non plus les formations en alternance. Le jeune est souvent très heureux de connaître l’ambiance de l’étude en entreprise. Celle-ci lui permet en effet de s’épanouir par le biais de la confiance que lui accorde son tuteur et par la réussite des travaux entrepris. Elle lui permet de surcroît de devenir plus autonome tout en étant considéré comme un adulte à notre époque où le système éducatif maintient les jeunes dans une infantilisation tardive.

Une autre solution envisageable est le séjour à l’étranger avec la découverte d’autres cultures et d’autres modes de vie. Mais le jeune n’a pas toujours suffisamment confiance en lui pour être prêt à partir seul. Si vous connaissez des familles qui pourraient l’accueillir et l’entourer d’attentions, cela peut être très positif pour lui.
Il est aussi important de le faire suivre par un psychologue. Mais attention aux psychotropes qui ne sont qu’une aide factice dont notre pays fait une consommation invraisemblable… Il existe aussi une clinique qui soigne les phobies scolaires graves. J’ai accueilli dans mon école une jeune fille qui, après un séjour d’un an dans cet établissement (lien ci-dessous), a pu reprendre avec mon aide petit à petit une scolarité normale.

En résumé, la phobie scolaire atteint de très jeunes enfants en début de scolarisation et, le plus souvent, des adolescents très sensibles et souvent très doués qui, soumis à la pression du monde scolaire, le plus souvent dans le système traditionnel, considèrent à tort ou à raison ce monde scolaire comme un milieu profondément hostile et inhumain dans lequel les adultes l’ont placé sans qu’il ait son mot à dire. J’ai décrit dans un précédent article les symptômes les plus courants de cette souffrance. Le plus significatif de ces symptômes résulte en une perte de confiance totale dans le monde des adultes en milieu scolaire et dans le monde des adultes en général. La solution que j’ai chaque fois mise en œuvre dans mon école consistait à tenter de créer, avec une infinie patience, une relation individuelle de confiance avec le jeune en souffrance. C’est un travail long et très exigeant, rempli de hauts et de bas, qui nécessite un grand investissement personnel ainsi que l’utilisation des modes de communication propres aux adolescents: facebook, textos, etc…
Je n’ai pas réussi à chaque fois, mais les témoignages que je reçois des jeunes gens que j’ai accueillis en grande détresse et qui ont pu retrouver auprès de moi et dans mon école la confiance et le goût des études sont une très grande satisfaction. Puisse ce travail particulier servir d’exemple aux autres chefs d’établissement, et plus particulièrement à ceux pour qui la phobie scolaire n’est pas une simple statistique un peu ennuyeuse noyée au sein des multiples études quantitatives – et souvent auto satisfaites – qui sont régulièrement publiées sur le “merveilleux” monde scolaire de notre pays.
Je vous invite à lire mon premier livre où je retrace mon cheminement et dans lequel vous trouverez de nombreux témoignages d’anciens élèves de tous âge ainsi que de parents : “Montessori partout et pour tous“.
http://www.phobiescolaire.org http://ecolesdifferentes.free.frSylvie d’Esclaibes