Les plans de travail

Les plans de travail

Lors de mes très nombreuses formations, la majorité des professeurs des écoles ainsi que les personnes travaillant en écoles Montessori et celles faisant l’école à la maison, me demandent de leur expliquer ce qu’est un plan de travail.

Voici donc un article publié il y a 4 ans et qui va sans doute pouvoir bien aider tout le monde à réaliser cet outil qui me semble indispensable pour un suivi sérieux et individualisé des élèves de la maternelle au baccalauréat.

Dès le début du primaire, les enseignants devraient toujours travailler avec des plans de travail individuels pour toutes les matières du français (grammaire, orthographe, conjugaison, vocabulaire, lecture, écriture, expression écrite), pour les mathématiques, pour l’histoire, la géographie et les sciences.

Un plan de travail est, au départ, identique pour chaque élève d’un même niveau. Il est effectué selon le programme de l’Education Nationale. Il s’agit de découper ce programme officiel en fonction du nombre de semaines de l’année scolaire réellement travaillées (retirer les semaines de classe verte, classe de neige, etc…).

Matériel de grammaire Montessori

Ces plans de travail permettent de déterminer les objectifs de travail à effectuer chaque semaine par l’élève. Dans l’école Montessori, ils devraient être faits à l’aide des fichiers et manuels de cours officiels associés aux matériels Montessori correspondants.

Les plans de travail comprennent la notion à étudier, les exercices à effectuer, les leçons à apprendre, les règles à retenir, le matériel a utiliser… Y figurent également les tests, dictées, etc…

Au fur et à mesure que l’élève a fait un certain travail, il peut passer une ligne de stabilo sur l’exercice effectué, ou le cocher, afin de constater que le travail est accompli et qu’il peut passer à la suite.

Un guide pour l’élève.

Cela permet à l’élève :

  • d’être plus autonome car il n’a pas besoin d’attendre les instructions du professeur pour avancer dans le programme,
  • d’apprécier chaque semaine le travail qu’il a réalisé,
  • d’être fier de lui lorsqu’il réalise les objectifs ou même va plus vite que le programme établi.

Lorsque l’élève est en avance sur les objectifs du plan de travail, cela lui laisse du temps pour d’autres activités : travailler d’autres matières, aider ses camarades de classe à progresser dans leur propre plan de travail, faire plus d’activités artistiques ou sportives, etc…

Comment l’aider ?

Lorsqu’il ne parvient pas à réaliser les objectifs du plan de travail, deux cas se présentent :

  • soit le problème est régulier et cela peut signifier que le plan de travail est un peu trop chargé. On peut alors le réduire ou proposer à l’enfant d’essayer d’avancer un peu à la maison. C’est l’occasion pour l’enseignant de se rendre compte qu’il doit probablement davantage s’occuper de cet enfant, être plus attentif à lui…
  • soit le problème est occasionnel et il faut donc essayer de comprendre pourquoi… Cela peut être l’occasion de régler des problèmes d’apprentissage ou détecter de la fatigue ou des perturbations familiales par exemple, et ainsi mieux aider l’enfant à réussir.
Dans une classe Montessori.

Un des risques de la mise en place des plans de travail individuels consiste dans le fait que ceux-ci peuvent devenir un outil de comparaison pour les élèves. Ceci est largement compensé par le fait que la pédagogie Montessori n’encourage pas du tout l’esprit de compétition mais au contraire privilégie l’individualité de chaque enfant dans le respect des différences de chacun.

Cela permet aux parents qui doivent évidemment avoir accès à ces plans de travail :

  • de suivre la progression et mieux comprendre comment leur enfant apprend, ce qu’il apprend et quels sont les buts à atteindre,
  • de prendre conscience d’éventuels problèmes d’apprentissage ou autres et de réagir rapidement avant que trop de conséquences négatives n’en résultent,
  • de décider la mise en place d’aides beaucoup plus efficaces si elles le sont en liaison avec ce que l’enfant fait à l’école,
  • d’avoir un contrôle tout à fait légitime sur le travail de leur enfant en classe.
Un travail en équipe…

Les enfants apprécient d’ailleurs beaucoup que leurs parents puissent s’intéresser concrètement à ce qu’ils font. Ces plans de travail sont donc un interface très efficace entre l’école et les familles.

Pour les enseignants qui, à l’école Montessori, sont en présence de classes de niveaux mélangés et ne dispensent pas de cours magistraux, il est très rassurant de pouvoir situer rapidement les élèves par rapport aux programmes, guider efficacement chacun dans sa progression individuelle et juger de façon opportune ce qu’il faut mettre en place de particulier en cas de besoin.

Le cube du trinôme Montessori

Rien n’empêche évidemment d’ajouter des activités hors programme à ce plan de travail individuel. Il en existe beaucoup dans la pédagogie Montessori, mais il faut rester vigilant et ne pas privilégier les programmes établis par les instituts de formation Montessori par rapport aux programmes de l’Education nationale. Le danger serait en effet de marginaliser les enfants, ce qui rendrait leur adaptation à d’autres écoles très difficile voire impossible. En effet certaines notions présentes dans les programmes de l’Education Nationale ne font  partie d’aucun enseignement dans la formation Montessori. Des notions sont donc oubliées, ce qu’aucune école ne devrait pouvoir se permettre.

Une école Montessori au Bengale.

Le programme Montessori a l’avantage d’être quasiment le même dans tous les pays du monde, ce qui facilite considérablement l’adaptation des enfants des familles qui changent souvent de pays. Il est cependant impossible que tous les pays du monde aient le même programme scolaire national.

Il faut donc que chaque école adapte le programme Montessori aux programmes officiels afin que les élèves puissent réussir en temps voulu leurs examens et, le cas échéant, s’adapter à n’importe quel changement d’école.

Des écoles dans le monde entier.

En conclusion, la pédagogie Montessori est d’une exceptionnelle richesse pour optimiser les capacités intellectuelles de chacun des élèves dans le respect de leurs individualités et susciter un développement harmonieux de leurs personnalités. Les plans de travail sont un outil supplémentaire qui tend à favoriser l’autonomie des élèves, la gestion personnelle de leur travail ainsi que leur sens des responsabilités. En encadrant leur libre choix pour telle ou telle étude ou activité au sein de la classe, ces plans de travail viennent démentir la critique qui est parfois faite aux écoles Montessori de laisser les enfants « faire ce qu’ils veulent ».

En respectant les programmes officiels, les plans de travail individuels sont une excellente réponse aux parents qui s’interrogent sur la progression de leurs enfants au sein de l’école et sur leur adaptation éventuelle à un changement d’établissement.

Sylvie d’Esclaibes

9 commentaires sur “Les plans de travail

  1. Bonjour. Je suis enseignante en CP. J’ai suivi les formations 3-6 et 6-12 avec Bénédicte. Je souhaite mettre en place un plan de travail pour mes élèves. J’ai vu celui que vous avez mis en exemple pour le CP. Y a-t-il un temps précis pour le plan de travail où est ce tout au long de la journée?

  2. Je vous remercie pour la présentation de ces plans de travail, étant moi-même enseignante dans le public je me retrouve dans cette façon de travailler. Par contre, je me pose quelques questions. Si j’ai bien compris leur fonctionnement notamment en cm1, les élèves ont toujours la possibilité d’utiliser le matériel (s’il y en a) ou leur leçon lorsqu’ils font un exercice écrit afin de s’aider. Par contre qui corrige le travail ? L’élève à l’aide d’une fiche ou bien l’enseignant ?
    Mon autre question est de savoir si à un moment l’élève a une évaluation qui permet de voir s’il et capable de réaliser le travail sans aucune aide.

    1. Bonjour, C’est exactement cela. Il travaille dans son plan de travail et les leçons sont toujours introduites par du matériel concret. Dans la mesure où l’enfant en a besoin bien sûr. En général, c’est l’enseignant qui corrige. Ainsi on se rend compte si l’enfant a compris ou non. IL peut y avoir aussi des fiches autocorrectives pour respecter le contrôle de l’erreur. Nous faisons régulièrement des évaluations mais surtout sans stress pour vérifier les connaissances de l’enfant. Nous les ajoutons au plan de travail très régulièrement. Je reste à votre entière disposition. A bientôt.

      1. Je vous remercie pour vos réponses. En ce qui concerne les évaluations, vous imposez une date ou bien l’élève vous signale quand il est prêt à être évalué sur telle ou telle notion ?

  3. Merci pour votre article toujours aussi intéressant. je suis enseignant en école élémentaire et j’utilise déjà des plans de travail et du matériel de manipulation que je crée ou reprends de diverses méthodes. Mais je me pose encore beaucoup de questions
    Pourriez-vous m’indiquer si dans la pédagogie Montessori lors du plan de travail, le matériel utilisé sert comme appui pour aider à réaliser l’exercice ou bien s’il est utilisé comme entraînement préalable autocorrectif avant de passer à l’exercice écrit. D’autre part les exercices réalisés lors du plan de travail sont-ils corrigés par l’enseignant ou bien l’élève a-t-il accès à la correction une fois l’exercice fini. Enfin, étant donné que vous suivez le programme de l’éducation nationale comment faites-vous lorsque vous constatez qu’un de vos élèves est bloqué sur une notion du plan de travail sachant qu’il faut tout de même avancer dans le programme ?
    Je vous remercie par avance de vos réponses à mes questions.

    1. Rebonjour, Si un enfant est bloqué sur une notion, je la laisse de côté, je ne m’acharne surtout pas. C’est ce que je faisais avant car j’avais peur de passer à côté de certaines notions. Plus on s’acharne, plus l’enfant se sent en échec, plus il perd confiance en lui et moins il y arrive. Maintenant je laisse passer un peu de temps et j’y reviens quelque temps plus tard d’une autre façon et en général ça marche très bien. A bientôt.

      1. Désolée pour le commentaire en double. Il est vrai que c’est quelque chose que nous avons du mal à faire que de laisser puis de revenir à cause de la pression du programme. J’arrive à différencier la vitesse de travail et la difficulté de chacun sur les notions en cours grâce au plan de travail, mais j’avoue qu’un élève qui accumule du retard dans les notions, hormis travailler sur un autre créneau horaire que celui des plans de travail, je ne vois pas comment faire. Je pense en effet, que s’il a déjà pris du retard, il ne sera pas capable d’arriver à faire son plan de travail de base et des manipulations en plus pour essayer de combler ses lacunes. Comment gérez vous cela au niveau des plans de travail lorsqu’un élève accumule du retard ou lorsque vous accueillez un élève qui a pris du retard dans le public. Je suppose que vous avez tout comme comme ligne à atteindre le programme de l’éducation nationale.
        Je vous remercie par avance pour vos réponses et surtout pour vos articles.

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