En finir avec la méthode globale

En finir avec la méthode globale par Arnaud Bouillin.

Montessori lecture
Le bonheur de lire

Je suis stupéfaite de constater que certains professeurs des écoles continuent d’enseigner la lecture par la méthode globale. Et aussi que les parents l’acceptent. J’ai eu un rendez-vous récemment pour une inscription d’un enfant en cours d’année de CP avec des parents qui n’étaient pas satisfaits car l’institutrice de leur enfant lui enseignait par la méthode globale. Lorsqu’ils avaient expliqué au professeur que cette méthode n’était pas appropriée, il lui avait répondu qu’il préférait faire ainsi car sinon il s’ennuierait ! Malgré tout cela, les parents ont laissé leur enfant finir l’année scolaire dans cette classe.

Alors que le 3 janvier 2006, le ministre de l’Education Nationale incitait les maîtres à écarter résolument « les approches globales de la lecture », un sondage IFOP-SOS Education paru le 11 septembre 2006 rapportait que 93 % des enseignants de cours préparatoire continuaient à les utiliser.

Pourtant des scientifiques comme Stanislas Dehaene dont j’ai parlé dans un article précédent sur l’apprentissage de la lecture a prouvé combien cette méthode était néfaste pour l’enfant.

Je vous conseille donc de lire l’article ci-dessous et de ne surtout pas accepter que votre enfant apprenne à lire avec la méthode globale, elle a déjà fait trop de dégats :

Plusieurs travaux scientifiques ont récemment démontré les vertus de la méthode syllabique comparée à la méthode globale

Montessori lecture
Ecoutons les neuroscientifiques.

Jérôme Deauvieau a conduit des tests avec un laboratoire mixte de recherche du CNRS et de l’Université de Versailles portant sur des classes de fin de CP (446 élèves de 23 classes situées dans le réseau éclair – les anciennes ZEP) avec comme critère vitesse de lecture, compréhension, orthographe et syntaxe. Les enseignants utilisaient quatre manuels différents : du plus axé sur la méthode globale – qui privilégie la mémorisation du mot entier, grâce à une image ou une devinette, au détriment du déchiffrage – au plus axé sur la méthode syllabique – qui elle s’attache en priorité au décodage progressif et systématique des lettres et des syllabes.

Premier résultat : les élèves qui avaient travaillé avec le manuel le plus syllabique ont obtenu un score moyen supérieur de près de 19 points sur 100 à ceux qui avaient utilisé le manuel à dominante globale.

Deuxième résultat : les enfants de parents non bacheliers ont réalisé, avec le manuel le plus efficace, un meilleur score que les enfants de bacheliers dotés du manuel le plus efficace.

Deux mythes de l’histoire éducative volent en éclats. Le premier, largement dominant dans la pédagogie des années 70-90 et toujours vivace chez certains gourous de l’école, affirme que « lire c’est comprendre », et très accessoirement décoder. Le sens avant le son. Le contexte avant le texte.

L’intelligence active plutôt que l’ânonnement passif. Pendant deux décennies, le projet baroque, défendu par Jean Foucambert, un inspecteur de l’éducation nationale, de transformer les élèves de primaire en mini-Champollion aux prises avec leurs hiéroglyphes, a servi de fil rouge à toutes les instructions ministérielles. Et sa méthode d’apprentissage, dite « idéovisuelle » (formuler des hypothèses sur un mot à partir d’images en excluant tout déchiffrage), de catéchisme avant-gardiste dans les écoles normales d’instituteurs puis les UIFM. Il fallut attendre décembre 2003 et la conférence de consensus organisée par Luc Ferry pour que ce mirage soit officiellement dénoncé.

Ce que nous apprennent les Sciences Cognitives, cette inertie de la machine scolaire face aux avancées expérimentales est particulièrement à l’œuvre en matière de neurosciences. Stanislas Dehaene est l’un des scientifiques les plus en pointe sur ce sujet. Titulaire au collège de France de la chaire de psychologie cognitive, ne cesse, à travers livres et conférences, de rappeler ces vérités : lorsqu’un enfant apprend à lire, une zone bien précise de son cortex s’active et répond davantage aux mots écrits qu’à d’autres stimulis (visages, objets…).

L’alphabet est appris rapidement ou, au contraire, vite oublié, selon que l’on s’arrête sur les lettres et sur la forme du mot. L’attention globale, enfin, canalise l’apprentissage vers une aire cérébrale inappropriée de l’hémisphère droit du cerveau et entrave le circuit efficace de la lecture.”

6 commentaires sur “En finir avec la méthode globale

  1. Ce sont les méthodes actives et donc les stratégies globales qui ont gagné et non la syllabique pure des traditionaliste, ni l’analytique-synthétique des républicanistes.

    En effet, l’IRM met en avant l’abstraction soit la décomposition/recomposition.

    Or, on sait depuis le début du XX avec Claparède que les enfants ont une perception globale (syncrétique) mais qu’ils ont du mal à abstraire les choses soit à les décomposer. Jean Piaget l’a également mis à jour par l’expérimentation. Cette difficulté à abstraire génère selon Henri Wallon (les origines de la pensée chez l’enfant) des « confusions » dans la description du monde par les enfants.

    De ce fait l’apprentissage dont en lecture est « un apprentissage de l’abstraction ». C’est justement la stratégie de la méthode globale d’Ovide Decroly soutenue par Henri Wallon.

    Les études expérimentales de Segers en 1939 mettent à mal l’approche strictement idéo-visuelle de la lecture dogmatisée dans les années 70, période post-moderniste. Ce que confirme l’IRM.

    Cependant la méthode globale n’a jamais était strictement idéo-visuelle même si elle met en avant le regard et l’expérience et non l’écoute et l’ordre. Et, elle n’est pas une mémorisation mais une reconnaissance. Ce qui implique des répétitions et une stratégie active préalable.

    Cependant, cette stratégie strictement idéo-visuelle est efficace pour les enfants sourds et les enfants de plus 7 et 8 ans, puis les adultes. Segers préconise la lecture à 7 et 8 ans par la méthode globale soit quand l’enfant commence à sortir de la « confusion » même si l’abstraction est toujours à travailler.

    Le son comme le met en avant la méthode syllabique n’est pas une obligation à la lecture. Nous avons aussi un langage intérieur. Savoir lire en silence est l’enjeu de la méthode globale.

    La méthode idéo-visuelle est aussi efficace pour apprendre le chinois et les hiéroglyphes où les écritures sont idéographiques et non alpha-syllabaires.

    Les expérimentations de Segers en 1939 mets aussi l’importance des « centres d’intérêt » dans les apprentissages dont en lecture comme l’avait mis à jour Ovide Decroly. Il est plus facile à apprendre à lire si l’enfant connaît le sujet.

    Donc non ! la méthode syllabique soit le moutonnement de « Je serais un soldat » de la III République ou des orthophonistes de « Léo et Léa » est loin d’avoir gagné.

    Elle est d’ailleurs en recule puisque ce sont les méthodes actives avec la mise en jeu de stratégie globale qui ont le vent en poupe.

  2. Stanislas Dehaene ne dément pas la méthode globale mais la méthode idéo-visuelle non phonétique (1er temps BA => BA, 2nd temps B.A. => BA) de Foucambert dite aussi méthode de lecture globale, méthode semi-globale ou encore mixte. Son erreur est de faire le mot de notre langue un analogue à l’idéogramme chinois. Sa méthode est idéale apprendre à lire le chinois et non pour apprendre à lire dans notre langue.

    La méthode globale va à l’Education Nouvelle dont fait d’ailleurs partie Montessori. En lecture, la méthode globale (phonétique et alphabétique) met en jeu entre autre une dialectique mot/lettre (BA B.A.). Ca met en oeuvre l’abstraction. Or, selon les psychologues (Clarapère, Piaget), l’enfant perçois de manière globale (syncrétique) mais ne sait pas abstraire les choses. De ce fait l’apprentissage de la lecture et un apprentissage de l’abstraction. La méthode globale ne se réduit pas à la lecture. Ferdinand Buisson préconisait déjà une méthode écriture-lecture puisque la lecture a besoin d’une écriture. Je crois que chez Montessori, c’est l’inverse lecture-écriture puisque l’Italien est plus phonétique que le français. in, im, un ne peuvent être pas confondu en Italien contrairement au Française. Le jeu dialectique de la méthode globale se trouve aussi en mathématique avec le couple numérisation-calcul.

    Ovide Decroly résume « l’activité globalisatrice » ainsi : « Elle fait le pont entre l’activité instinctive et l’activité intelligente supérieure… Elle fonctionne spontanément chez les enfants et permet des acquisitions importantes telles que le langage, les connaissances sur le milieu matériel, vivant, social et aussi l’adaptation à une série de formes d’activités. La mère l’utilise inconsciemment pour éduquer l’enfant et lui faire acquérir diverses techniques importantes, notamment le langage. …elle peut être appliquée non seulement dans l’initiation aux techniques (lecture, écriture, orthographe) mais aussi aux branches de connaissances relatives à la nature et l’homme (sciences naturelles, histoire, géographie) et à l’expression de ces connaissances dans la langue maternelle ou une autre langue…».

    Mais, la méthode globale initiée par Decroly, promu par Henri Wallon, n’a jamais été appliquée. Déjà à l’époque, elle était décriée par les traditionalistes comme le fait remarquer Freinet dans son article de 1959 : “La méthode globale, cette galeuse !” (trouvable sur le net).

    Dehaene se trompe. Son ignorance de l’histoire conduit au rejet de la méthode globale bien que les résultats affirment le cadre théorique donné par les pédagogues progressives du XX soit la méthode globale.

    La méthode syllabique (B.A, B.A, B.A => BA) avec ses répétitions est plus rapide que la méthode de Foucambert (BA => BA; B.A => BA) mais elle est moins efficiente à la compréhension que la méthode globale (BA B.A) avec son processus d’abstraction.

    L’amalgame entre la “méthode globale” des pédagogues progressistes et la “lecture de méthode globale” de Foucambert perdure depuis les années 68 avec “la crise de vulgarisation” de la Pédagogie Nouvelle. Ses concepts ont été caricaturées. La notion de « méthode ou lecture globale » a été « galvaudée et utilisée sans jamais avoir été analysée et évaluée » (Wagnon, S. (2012). La pédagogie Decroly en France (1939-1968). In Laurent Gutierrez, Laurent Besse et Antoine Prost, ‘Réformer l’école – L’apport de l’Education nouvelle (1930-1970). PUG).

  3. Stanislas Dehaene ne dément pas la méthode globale mais la méthode idéo-visuelle non phonétique (1er temps BA => BA, 2nd temps B.A. => BA) de Foucambert dite aussi méthode de lecture globale, méthode semi-globale ou encore mixte. Son erreur est de faire le mot de notre langue un analogue à l’idéogramme chinois. Sa méthode est idéale apprendre à lire le chinois et non pour apprendre à lire dans notre langue.

    La méthode globale va à l’Education Nouvelle dont fait d’ailleurs partie Montessori. En lecture, la méthode globale (phonétique et alphabétique) met en jeu entre autre une dialectique mot/lettre (BA B.A.). Ca met en oeuvre l’abstraction. Or, selon les psychologues (Clarapère, Piaget), l’enfant perçois de manière globale (syncrétique) mais ne sait pas abstraire les choses. De ce fait l’apprentissage de la lecture et un apprentissage de l’abstraction. La méthode globale ne se réduit pas à la lecture. Ferdinand Buisson préconisait déjà une méthode écriture-lecture puisque la lecture a besoin d’une écriture. Je crois que chez Montessori, c’est l’inverse lecture-écriture puisque l’Italien est plus phonétique que le français. in, im, un ne peuvent être pas confondu en Italien contrairement au Française. Le jeu dialectique de la méthode globale se trouve aussi en mathématique avec le couple numérisation-calcul.

    Ovide Decroly résume « l’activité globalisatrice » ainsi : « Elle fait le pont entre l’activité instinctive et l’activité intelligente supérieure… Elle fonctionne spontanément chez les enfants et permet des acquisitions importantes telles que le langage, les connaissances sur le milieu matériel, vivant, social et aussi l’adaptation à une série de formes d’activités. La mère l’utilise inconsciemment pour éduquer l’enfant et lui faire acquérir diverses techniques importantes, notamment le langage. …elle peut être appliquée non seulement dans l’initiation aux techniques (lecture, écriture, orthographe) mais aussi aux branches de connaissances relatives à la nature et l’homme (sciences naturelles, histoire, géographie) et à l’expression de ces connaissances dans la langue maternelle ou une autre langue…».

    Mais, la méthode globale initiée par Decroly, promu par Henri Wallon, n’a jamais été appliquée. Déjà à l’époque, elle était décriée par les traditionalistes comme le fait remarquer Freinet dans son article de 1959 : “La méthode globale, cette galeuse !” (trouvable sur le net).

    Dehaene se trompe. Son ignorance de l’histoire conduit au rejet de la méthode globale bien que les résultats affirment le cadre théorique donné par les pédagogues progressives du XX soit la méthode globale.

    La méthode syllabique (B.A, B.A, B.A => BA) avec ses répétitions est plus rapide que la méthode de Foucambert (BA => BA; B.A => BA) mais elle est moins efficiente à la compréhension que la méthode globale (BA B.A) avec son processus d’abstraction.

    L’amalgame entre la “méthode globale” des pédagogues progressistes et la “lecture de méthode globale” de Foucambert perdure depuis les années 68 avec “la crise de vulgarisation” de la Pédagogie Nouvelle. Ses concepts ont été caricaturées. La notion de « méthode ou lecture globale » a été « galvaudée et utilisée sans jamais avoir été analysée et évaluée » (Wagnon, S. (2012). La pédagogie Decroly en France (1939-1968). In Laurent Gutierrez, Laurent Besse et Antoine Prost, ‘Réformer l’école – L’apport de l’Education nouvelle (1930-1970). PUG).

  4. La méthode idéovisuelle n’a rien à voir avec la méthode globale proposée par Decroly et les progressistes de la pédagogie nouvelle dont font partie John Dewey, Henri Wallon et Maria Montessori entre quelques autres. La lecture globale implique en même temps l’écriture. C’est une méthode écriture-lecture. Cette méthode écriture-lecture avait déjà été mis en place par Ferdinand Buisson. La pédagogie nouvelle a apporté le développement psychologique de l’enfant. La pédagogie en devient active. A contrario, la méthode idéovisuelle de Jean Foucambert est de type lecture-écriture. C’est identifié un symbole (lettre, mot, phrase) avant de le comprendre et de savoir l’écrire. Ca n’a pas de sens. C’est la méthode idéovisuelle qui doit-être critiquer et non la méthode globale. Mais, les médias et les politiques entretiennent une confusion malhonnête.

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