Ce ne sont pas les programmes scolaires qu’il faut changer mais la façon de les enseigner
Ce week-end, j’ai lu cet article paru dans le Figaro et qui reprend l’interview de Najat Vallaud-Belkacem au sujet des réformes des programmes scolaires.

Ce qui me surprend le plus est qu’il n’est traité que des programmes et non des moyens employés pour atteindre les objectifs de ces programmes. Notamment il est traité de la lecture quotidienne qui ne commencera qu’en CP. On remarque tous les jours qu’il est très important de commencer l’apprentissage de la lecture bien avant le CP. J’en ai déjà parlé dans plusieurs articles et je ne comprends pas que ce point ne soit pas soulevé. Enfin, il serait primordial que l’Education Nationale fasse quelque chose pour que certains enseignants arrêtent l’enseignement de la méthode globale. J’ai encore eu deux exemples récemment d’enfants de CP qui apprenaient encore à lire avec cette méthode catastrophique.
Par ailleurs, lorsqu’elle parle de l’enseignement de la division qui était au programme de CE2 et que cela semble trop tôt donc est décalé au CM1, je suis totalement consternée. En effet, dans les classes qui possèdent le matériel Montessori adéquat, l’enseignement de cette opération est prévue de manière concrète en classe de maternelle et les jeunes enfants la comprennent très bien. On peut toujours décaler les notions à apprendre, mais là n’est pas le problème. Tant que l’Education Nationale ne mettra pas en place du matériel concret pour l’enseignement des concepts mathématiques, les enfants auront des difficultés dans cette matière et ce n’est pas de décaler les objectifs qui changera les choses. Il serait important que les personnes qui rédigent les programmes tiennent compte des recherches des neuroscientifiques comme Stanislas Dehaene par exemple.

C’est la même chose pour le calcul mental, cela se prépare. On ne doit pas demander aux enfants d’apprendre bêtement par coeur, il faut qu’ils aient en tête le concret des choses et à ce moment-là la mémorisation se fera très facilement.

Dernier point, les notes. Tout le monde sait très bien que la notation est totalement subjective et donc ne sert à rien à part à faire perdre confiance en eux à bons nombres d’élèves. J’ai déjà évoqué ce point dans plusieurs articles.

“Najat Vallaud-Belkacem veut «une dictée, du calcul et de la lecture tous les jours» Publié le 18/09/2015 à 11:04
Nouvelle étape dans la réforme des programmes scolaires. Ce vendredi, le Conseil supérieur des programmes (CSP), l’instance chargée de composer les nouveaux programmes, rend publique sa deuxième et dernière mouture. Dans une tribune publiée dans Le Monde et dans une interview accordée à Europe 1 ce matin, la ministre de l’Education nationale a en partie dévoilé le contenu de cette «refondation de l’école», qui «prend pleinement en considération les améliorations demandées, particulièrement par les enseignants». Tour d’horizon de ces nouveaux programmes qui devraient entrer en vigueur à la rentrée 2016.
- La maîtrise des «savoirs fondamentaux»
«L’intérêt de ces nouveaux programmes, c’est qu’ils vont garantir que l’apprentissage des élèves est solide», a expliqué Najat Vallaud Belkacem. Au primaire, «cela doit passer par une dictée quotidienne, du calcul mental et de la lecture chaque jour qui seront obligatoires», a-t-elle ajouté, tout en rappelant ces apprentissages se feront à l’école élémentaire dès le CP. Elle a ensuite souligné l’importance du calcul mental: il est «très important de s’entraîner suffisamment pour automatiser des réflexes, et le calcul mental est un de ces réflexes qu’il faut avoir». Au collège: un élève de 5e devra pouvoir écrire seul un «texte correct» de 500 à 1000 signes, en 4e et 3e de 2000 à 3000 signes, rapporte Le Monde. Pour la ministre, il est important de miser sur «une pédagogie de l’entraînement quotidien et de la répétition» pour pouvoir consolider «les savoirs les plus simples avant de développer les plus complexes».

- La maîtrise du langage français comme priorité
L’accent est mis sur la «maîtrise du langage français». «J’ai ainsi souhaité qu’à l’école élémentaire, en plus des dix heures hebdomadaires de français, dix autres heures lui soient consacrées, réparties dans les autres matières», affirme-t-elle dans le quotidien du soir. «Les élèves ne sortiront pas de l’école sans maîtriser la langue française», promet-elle.
- Un enseignement «plus progressif»
Autre «point fort» de sa réforme, selon elle: sa cohérence. «Pour la première fois, les programmes ont été pensés ensemble. C’est à dire qu’ils ont été révisés tous ensemble», détaille-t-elle. Ce changement est essentiel «pour avoir une vraie progressivité des apprentissages», poursuit la ministre. L’objectif: veiller à ce que des notions ne soient pas abordées trop tôt. La ministre prend alors l’exemple de la division aujourd’hui abordée en CE2 mais jugée trop compliquée par les enseignants. Dans sa nouvelle mouture, le CSP prévoit qu’elle soit enseignée à partir de la classe de CM1. «Chaque apprentissage est abordé au bon moment et de manière répétée», insiste Najat Vallaud Belkacem au micro d’Europe 1.
- Le programme d’histoire encore révisé
En cette rentrée, la ministre a souhaité faire taire les polémiques en revenant sur certains points qui avaient crispé de nombreux intellectuels et enseignants, notamment sur le programme d’histoire. Ainsi, la distinction entre les périodes d’histoire «obligatoires» et «facultatives» a été supprimée. «Tout est obligatoire maintenant», a assuré Najat Vallaud-Belkacem. Dans sa nouvelle version, le CSP propose par exemple un nouveau thème d’étude en 5e: «Chrétienté et islam, des mondes en contact», selon Le Monde. «Les nouveaux programmes chronologiques renforcent aussi l’enseignement laïque du fait religieux, ainsi que je m’y étais engagée», écrit encore la ministre dans sa tribune.
- Le système de notation de 0 à 20 ne disparaît pas
«Non, le 0 ne disparaît pas», a affirmé la ministre ce vendredi. La veille, Europe 1 avait annoncé la fin du système de notatation allant de 0 à 20. «Il n’a jamais été question de revoir la notation telle qu’elle existe aujourd’hui», a répété la ministre. D’où vient cette information dans ce cas? «Les observateurs sont impatients de voir la réforme de l’évaluation», suppose-t-elle avant d’apporter des précisions: «Ce sur quoi nous travaillons, c’est à évaluer ‘le socle commun de compétences, de connaissances et de culture’, c’est-à-dire tout ce qu’il doit maîtriser à la fin de cette scolarité obligatoire». Comme l’expliquait Le Figaro ce matin dans ses colonnes, il est bien question d’un système d’évaluation allant de 1 à 5 pour évaluer les «compétences» des élèves de 15 ans, à la fin de sa scolarité obligatoire.