Un article intéressant sur l’Education
A la veille de la parution des nouveaux résultats des tests Pisa où la France va encore se retrouver dans des rangs très bas, il est intéressant de comprendre ce qui fait le succès de certains systèmes éducatifs.
Il est évident que le succès et le bien être des élèves passent énormément par l’attitude et la relation que le professeur a avec ses élèves. Les professeurs ont un rôle primordiale dans le bien être et la réussite des élèves et cela à tout âge.
Lisez donc cet article du Point paru le 6 décembre.
Sylvie d’Esclaibes
Éducation : l’excellence selon Pisa – Page 2
24 heures avant la publication de l’enquête Pisa, le directeur du programme de l’OCDE revient sur ce qui permet la réussite d’un système éducatif. – Page 2
PROPOS RECUEILLIS PAR VICTORIA GAIRIN ET MARIE-SANDRINE SGHERRI

Les pays asiatiques sont aussi très exigeants, et cela a des conséquences sur les élèves : suicides, dépressions, stress… Là aussi, est-ce un mythe ?
Malheureusement, cela existe aussi en Europe, où les résultats sont pourtant moins satisfaisants. En 2006, dans le test Pisa, nous avons demandé aux élèves ce qui les rendait bons en maths. Et la majorité des collégiens français a répondu : « le talent », « la bosse des maths ». À la même question, en Chine ou au Japon, neuf enfants sur dix répondent qu’en travaillant dur leur prof les aidera. Et qu’ils y arriveront.
Ce sont donc moins les programmes que les mentalités qu’il faut réformer. Pourquoi est-ce si compliqué de changer les choses en France ?
Le système français isole les professeurs. C’est une sorte d’organisation industrielle, qui fonctionne comme une usine. Le ministère écrit les programmes en petit comité dans un bureau et les enseignants doivent lui obéir. L’augmentation du salaire d’un enseignant n’est qu’une question d’âge, jamais d’ambition ou de motivation.À Singapour, qui caracole depuis plusieurs années en tête du classement, rien ne se fait sans les enseignants. Aucune réforme n’est annoncée sans avoir été expliquée dans toutes les écoles. Il faut faire davantage confiance aux professeurs, leur donner plus de responsabilités. La Chine promeut ceux dont les cours et les activités sont les plus cités par leurs pairs. En Angleterre, j’ai fait partie d’un jury qui récompensait les meilleurs projets pour rendre l’école plus égalitaire. Les professeurs ont des idées brillantes auxquelles la plupart des gouvernements n’ont jamais pensé.
La bonne réforme passera-t-elle donc par les professeurs ?
La qualité d’un système éducatif n’est jamais supérieure au talent de ses enseignants. À Shanghai, le professeur talentueux d’une école pour l’élite doit, s’il veut progresser dans sa carrière, d’abord montrer ce qu’il sait faire dans une école difficile. Idem à Singapour, au Canada ou en Finlande. Cela permet d’attirer les plus dynamiques. Car l’équité n’est pas tant de donner plus d’enseignants aux élèves en difficulté que de leur offrir les meilleurs.
En France, les gouvernements successifs sont paralysés par les syndicats…
Un pays a les syndicats qu’il mérite. Si le système éducatif est calqué sur le système industriel, les syndicats reproduisent cette structure et se battent comme ceux des ouvriers pour des histoires de salaires et d’effectifs. Si, au contraire, le système éducatif est axé sur la pédagogie, les syndicats le seront aussi.
On ne semble plus bien savoir ce que nous voulons enseigner ni comment. N’est-ce pas ce qui manque au système français : des objectifs clairs ?
C’est le fond du problème, en effet, et c’est le cas dans beaucoup de pays. Pour quoi ? Pour quels résultats ? Tous les gouvernements devraient être capables de répondre précisément à cette question. Il faut se fixer un idéal élevé. La Suède et la Finlande ont des écoles qui se ressemblent beaucoup. Mais, alors que la Finlande a défini des standards qui disent ce qu’est l’excellence, la Suède s’est contentée de fixer un minimum à acquérir. En termes de résultats, la Finlande arrive bien devant la Suède… Redessiner un idéal, c’est aussi souvent repenser le système dans sa globalité, ce qui est toujours intéressant. Aujourd’hui, le système éducatif français devrait se poser les bonnes questions en ce qui concerne la lutte contre les extrémismes, la radicalisation. Quel rôle doit-il jouer ? Quelle est sa part de responsabilité ? Quels sont les objectifs ? La société attend aussi que l’école sache répondre à ces questions.