Philosopher dans la nature au lycée Montessori

Philosopher dans la nature

Voici un très bel article de Marie Robert, notre brillante professeur de philosophie qui a encore eu une idée géniale. On comprend pourquoi tous nos élèves adorent la philosophie.

Sylvie d’Esclaibes

« La nature est un beau livre, ouvert aux regards de tout le monde ; malheureusement, il en est peu qui le lisent et encore moins qui le comprennent » – Rousseau.

Le printemps frémit au Lycée International Athéna Montessori. Notre lapin, Biscotte, rejoint sa résidence saisonnière et les œufs de poule se parent d’une coque en chocolat. Le cycle des saisons, sans cesse renouvelé, se déroule sous nos yeux et ceux des enfants, ritualisant ainsi l’idée que tout passe et se renouvèle sans fin, laissant à chaque génération le loisir d’assister à cet émouvant spectacle du temps.

Montessori lycée
Lycéens en cours de philo

Chez nos terminales, l’ambiance est un peu moins contemplative, les Annabacs n’existent guère en version cacaotée. Pourtant, la notion du temps, et celle non moins centrale de la nature, sont des questionnements au centre de notre parcours philosophique. Le programme du baccalauréat propose de penser la nature dans son opposition à la technique, de saisir comment articuler l’une à l’autre. Est-ce que la nature est à notre disposition ? Quant à la technique, elle prétend constituer une forme de maîtrise de la nature, mais peut-on maîtriser la technique elle-même ? Quels sont les dangers que cela implique pour la nature ? Est-ce que les ressources naturelles nous appartiennent ? Quelle différence entre un vieux pont de bois et une usine comme se le demande Heidegger ? Ces questions sont essentielles, et au-delà de l’épreuve du mois de juin, elles constituent un enjeu incontournable pour nos élèves qui sont les adultes de demain.

Montessori - nature
Une table de nature

Comme nous l’indique le philosophe allemand Hans Jonas, avant l’homme pouvait penser que ses interventions techniques sur la nature étaient superficielles et sans danger, que la nature rétablirait elle-même ses équilibres fondamentaux, et qu’au fond pour chaque génération nouvelle la nature était exactement telle que la génération précédente l’avait trouvée. Aujourd’hui, nous savons que notre technologie peut avoir des effets irréversibles sur la nature, de par son ordre de grandeur et sa logique cumulative. Nous avons donc une responsabilité de penser la nature, de la préserver, d’en prendre soin, et si cette exigence est très ancrée dans la pédagogie Montessori, notamment à travers les tables de nature, il faut la raviver chez nos grands ! Pour cela, quoi de mieux que de faire cours dehors ? Et de passer par le sensoriel, pour contempler l’extérieur que nous devons chérir ? Sentir les rayons de soleil du printemps, le vent dans les cheveux, la fraicheur de l’ombre, la couleur des plantes ? N’est-ce pas philosopher véritablement que d’appréhender ses éléments à travers l’expérience ? De faire sortir Bergson, Hegel, et Rousseau, de la page pour percevoir l’urgence du questionnement en acte ? C’est ainsi que jeudi dernier nos élèves ont bénéficié d’un cours…dans le jardin ! Leur concentration était intensive et le débat encore plus pertinent que d’habitude ! Le luxe d’être dans un lycée à la campagne, c’est bien d’accorder son corps à sa pensée…entre quelques Annabacs et poules en chocolat !

Marie R.

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