
Une pédagogie personnalisée.
L’actualité et les recherches récentes concernant les pédagogies alternatives et les neurosciences montrent de façon évidente que les méthodes pédagogiques que j’ai progressivement mises en place au Lycée International Montessori, et que je vais poursuivre au sein du Lycée International Montessori – Ecole Athéna, sont les seules qui permettent aux élèves de donner le meilleur d’eux-mêmes.
Les dernières recherches démontrent en effet scientifiquement ce qui a toujours été pour moi une évidence : les cours magistraux ne peuvent pas convenir à tous les élèves d’une même classe. Pour permettre à chacun de réaliser son plein potentiel, il faut absolument que l’enseignant tienne compte des caractéristiques uniques de chaque élève. Ceci est encore plus vrai avec des élèves ayant des besoins particuliers.
- Personnaliser pour l’enfant précoce.
La meilleure méthode est donc celle qui individualise l’enseignement.
Le système des plans de travail individuels s’avère encore une fois la meilleure méthode car celle-ci permet à chaque élève d’avancer à son propre rythme. Les plans de travail individuels permettent aux élèves d’avoir un choix, d’avoir accès au matériel multisensoriel s’ils en éprouvent le besoin (ce qui n’est pas une obligation), d’apprendre les règles d’orthographe, de grammaire, de mathématiques, etc… de la façon avec laquelle ils retiennent le mieux (en les lisant, en les recopiant, etc…) et d’aller ensuite les réciter à leur professeur au moment où ils se sentent prêts pour le faire.

La lecture du plan de travail donne à l’élève une vision globale des apprentissages de l’année. Il sait donc où il va et peut se situer dans l’avancée du programme à tout moment. Il peut choisir de commencer par telle ou telle partie du programme tout en respectant bien sûr une certaine logique.
Le travail individuel ne doit cependant pas être imposé en permanence. Les élèves aiment aussi le travail de groupe.

Il faut donc prévoir des moments de travail collectif qui peuvent être mis en place dans certaines matières comme par exemple l’histoire où il est très agréable et enrichissant pour les élèves d’écouter le professeur « raconter une histoire ». Cette matière, comme la géographie ou les sciences, peut donner lieu à des exposés réalisés en petits groupes où les élèves effectuent des recherches sur internet, en bibliothèque ou sur le terrain afin de préparer un exposé qu’ils feront ensuite aux autres élèves – et à leur professeur, ce qui répond encore à une autre façon d’apprendre.

N’oublions pas non plus que les élèves ont besoin de concret. Il est par conséquent très important d’organiser de nombreuses sorties culturelles, des projections de films, des conférences et exposés d’intervenants extérieurs à l’école, etc…
L’apprentissage passe par les sens même pour les élèves plus âgés. Pour les plus petits, la pédagogie Montessori est idéale avec la manipulation de tout le matériel sensoriel, celui des mathématiques, de la vie pratique, etc… La mémoire de la main leur permet d’apprendre de façon durable. Plus tard, il faut penser à la réalisation de travaux concrets mettant en jeu les sens de l’élève et sa créativité. La réalisation manuelle de travaux et exposés est essentielle pour un bon apprentissage. Par exemple, l’élève qui aura confectionné lui-même un volcan se souviendra toujours de l’ensemble des éléments qui le constituent et de son fonctionnement. La réalisation d’exposés où l’élève colle, écrit, compose de façon harmonieuse, rend l’apprentissage extrêmement efficace.

Cette différenciation de la pédagogie donne beaucoup de travail à l’enseignant qui doit être très créatif. Il doit en effet être prêt à s’adapter et à innover à tout moment dans ses méthodes. Il doit être prêt à créer du matériel nouveau en fonction des élèves, à varier sa manière d’enseigner (individuelle, collective, en petits groupes), à chercher toutes les choses qui peuvent illustrer concrètement et sensoriellement ses cours. C’est la raison pour laquelle les effectifs de la classe ne doivent pas être importants. Mais quelle satisfaction de pouvoir innover, créer, de voir que le résultat de ces innovations provoquent la curiosité des élèves et le bonheur d’apprendre. Quelle satisfaction de constater tous les progrès effectués par chacun selon ses capacités !

Pourquoi différencier ? Prenons les faits suivants : La salle de classe actuelle est très hétérogène. Nous y retrouvons des élèves issus de différents milieux socioculturels, avec des besoins d’apprentissage très variés. Par exemple, une même classe regroupe des élèves de sexe différents, des élèves pour qui la langue d’enseignement est parfois une langue seconde, des élèves qui ont un héritage familial ou culturel différent et certains qui ont des besoins particuliers. De ce fait, il est très difficile d’offrir un programme à « taille unique ».

D’après des recherches sur le cerveau, pour favoriser l’apprentissage, il faut que la tâche assignée à l’élève se situe dans sa « zone proximale de développement ». Cela signifie que la tâche doit être légèrement au-dessus du niveau de confort de l’élève. Si l’on considère les différences importantes entre les enfants – garçons, filles, enfants qui ont chacun leur propre manière optimale d’apprendre et sont souvent de cultures différentes – la différenciation est la seule méthode qui permette de développer des tâches se situant dans cette “zone proximale de développement”.

Le fait de tenir compte du profil d’un élève peut entraîner un meilleur rendement. Les élèves seront plus motivés s’ils exécutent des tâches qui les intéressent. Le choix est donc également un facteur de motivation. Une plus grande liberté de décision peut susciter un meilleur engagement et une plus grande productivité de la part de l’élève.
Dans une classe où l’on pratique la différenciation pédagogique, la responsabilité de l’apprentissage est partagée, créant ainsi une communauté d’apprenants accueillante où les élèves qui ont des besoins particuliers peuvent plus facilement s’intégrer et s’exprimer.
Ref : Tomlinson C.A. (2003). Differentiating instruction for academic diversity. J.M. Cooper, (Ed.) Classroom Teaching Skills, 7th ed (p. 149-180). Boston : Houghton Mifflin.

Exploiter les forces des élèves. La différenciation reconnaît que l’approche «taille unique» ne convient pas au processus enseignement ⁄ apprentissage. C’est en faisant des liens entre les différents profils d’apprenants (intelligences multiples) et les attentes du curriculum que les pédagogues optimisent les possibilités d’apprentissage.
En reliant la théorie de l’intelligence multiple de Gardner à la Taxonomie de Bloom dans le domaine cognitif, on obtient une saine différenciation.
Les élèves diffèrent les uns des autres par leur disposition à apprendre, leurs intérêts, leur style d’apprentissage, leur degré d’autonomie et leur milieu socio-culturel. Les pédagogues peuvent modifier le rythme, le niveau de difficulté ou le type de pédagogie en fonction de ces caractéristiques. Ceci est d’autant plus pertinent pour les élèves qui ont des besoins spécifiques et requièrent des techniques d’enseignement et des mesures de soutien « sur mesure ».

La différenciation comprend l’adaptation du contenu, du processus et du produit. Le pédagogue doit analyser le contenu enseigné et la méthode utilisée. Il doit avoir cerné le style de l’apprenant et savoir comment celui-ci peut le mieux démontrer ce qui lui a été enseigné.
L’action de différenciation sera réussie si les travaux, les projets et les produits des élèves s’inspirent de leurs forces et intérêts respectifs. D’autres stratégies peuvent comprendre un matériel, des tâches et des niveaux de difficulté variés, des regroupements flexibles, une approche multisensorielle et des supports visuels.
Ref : “webhost.bridgeview.edu”
Sylvie Rousseau d’Esclaibes