
Les pionniers de la pédagogie – Episode 2
Voici un nouvel épisode sur les pionniers de la pédagogie rédigé par Marie Robert. Il est vraiment passionnant de voir toutes les ressemblances entre les idées de ces pédagogues et celles de Maria Montessori.

Sylvie d’Esclaibes
Après avoir découvert, dans notre épisode 1, l’éducation libre du petit Emile de Jean-Jacques Rousseau, nous voici cette semaine à la rencontre de son compatriote, le zurichois, Johann Heinrich Pestalozzi.
Lui-même grand admirateur du philosophe suisse, Pestalozzi choisit d’élever son propre fils selon les préceptes édictés par Rousseau, considérant la justesse de ses intuitions. Au sujet de sa perception de l’enfant, il dira d’ailleurs : « il brisa avec une force d’Hercule les chaînes de l’esprit, et rendit l’enfant à lui-même ». Mais revenons à son parcours afin de saisir jusqu’où l’a conduit son admiration.
Agriculteur, Pestalozzi fonde sur sa propriété, l’Institut de Neuhof, où contrairement à son modèle, qui se contenta du monde des idées, il recueille des enfants pauvres des campagnes. Déménageant plus tard à Yverdon, il ouvre d’autres instituts et multiplie les expériences pédagogiques, cherchant toujours à innover et à rendre les apprentissages plus accessibles, suscitant un vif intérêt à travers l’Europe tout entière. Par exemple, il met en place des lettres découpées qu’on associe à des sons, proposant ainsi une acquisition auditive de l’alphabet, prémisses de nos précieuses lettres rugueuses ! Idem pour les mathématiques, où les nombres sont représentés par des bâtons qu’on peut aisément manipuler. Dans ses établissements, les enfants tracent des cercles pour fluidifier le geste d’écrire, ils se déplacent, touchent, bougent…etc. Aucune notion n’est abordée sans passer par des formes élémentaires, rattachées au quotidien.
Mais les parallèles avec l’approche Montessorienne ne s’arrêtent pas là. Au-delà de cette importance donnée au concret, c’est la main qui est au centre de sa pensée. Il prône l’idée qu’on apprend avec la tête, le cœur et les mains. En grandissant, les enfants effectuent des stages chez les artisans afin d’entraîner leur motricité.
A chaque étape, l’enfant est impliqué. Il n’est pas une table rase ou un vase vide, attendant qu’un adulte le nourrisse. Bien au contraire, il est sans cesse acteur de son éducation, perçu comme une « force réelle, vivante, active par elle-même ». Professeurs et élèves conçoivent ensemble la planification des savoirs.
Ainsi, on comprend que Pestalozzi n’est pas seulement un philanthrope appliquant la pensée de Rousseau, il est aussi un homme engagé inaugurant des principes qui se diffuseront bien au-delà de ses instituts.
Marie Robert.