Les atouts du bilinguisme précoce

Les atouts du bilinguisme précoce

Montessori languageDans mon école, comme je l’ai dit dans l’article précédent sur le bilinguisme, les enfants apprennent deux langues par immersion totale dès l’âge de 2 ans 1/2. Parfois des parents se demandent si cela ne va pas compliquer les choses au niveau de l’apprentissage de la langue maternelle, si l’enfant ne va pas mélanger les deux langues ou parler plus tard. Voici donc une étude qui prouve tout le contraire, il est essentiel de tout mettre en place pour que votre enfant apprenne une deuxième langue le plus jeune possible. Vous lui offrirez des avantages extraordinaires à de nombreux points de vue. C’est d’ailleurs ce qu’ont compris de nombreux pays.

Voici la définition du bilinguisme de François Grosjean: “le bilinguisme est l’utilisation régulière de deux (ou plusieurs) langues (…). Bilinguisme n’équivaut pas à maitrise (équivalente ou non) de deux langues mais plutôt à l’utilisation de deux langues.

Montessori languageL’enfant est formidablement prédisposé à apprendre le langage oral. Déjà, fœtus dans le ventre de sa mère, il peut discriminer sur le plan auditif et établit une différence entre la voix de son père et celle de sa mère. Nouveau-né, il préfèrera le son de la voix humaine aux autres sons (Condon & Sanders « Neonate movement is synchronized with adultspeech : interactional participation and language acquisition).

Il bénéficie également d’une prédisposition sociale : il est attiré par les visages, les mouvements, et à une capacité d’imitation très précoce.

L’apprentissage de deux langues est un atout important et ce, à différents niveaux : linguistique, cognitif et culturel.

Selon des études menées dans les trente dernières années (Lambert & Tucker, 1972 ; Cummins 1997, 2000 ; Baker, 1988, 1996…), les avantages du bilinguisme sont nombreux. Par exemple, chez le bilingue on remarque une meilleure souplesse cognitive, une plus grande curiosité linguistique, une plus grande curiosité, une meilleure capacité à apprendre d’autres langues, une plus grande facilité à la formation de concepts, de meilleurs résultats scolaires par rapport aux enfants monolingues, une meilleure capacité à résoudre des problèmes communicatifs, une plus grande sensibilité aux besoins communicatifs des autres, de meilleurs résultats à l’écrit (rédaction et lecture), de meilleurs capacités de traduction, un meilleur niveau d’adaptation/souplesse sociale, une prise en compte plus importante des différences culturelles.

Montessori langueMaria Kihlstedt : « le bilinguisme enfantin n’est pas l’addition de deux langues dans le cerveau de l’enfant. Il s’agit plutôt de la construction d’une capacité linguistique à deux volets. En effet, les structures du cerveau du jeune enfant sont tellement flexibles qu’il apprend aussi facilement deux ou trois langues qu’une seule et ce jusqu’à l’âge de 7 ans. »

Que se passe-t-il alors à 7 ans ? Selon les chercheurs Dalgalian et Petit le processus neurologique se modifie, « l’âge du langage » est dépassé, « l’essor de la plasticité cérébrale » est terminée. Voilà aussi pourquoi les enfants qui baignent dans un environnement multilingue très tôt montrent souvent beaucoup plus de facilités à l’apprentissage de nouvelles langues dans leur vie future.

Montessori langueMaria Kihlstedt précise : « ce qui se passe d’un point de vue neurologique, c’est que certaines connexions entre les neurones (des synapses) sont sollicitées au moment où la malléabilité corticale du cerveau bat son plein, des connexions qui chez des enfants monolingues, ont été sclérosées à l’âge du langage avec le résultat qu’une fenêtre cognitive s’est fermée à jamais. »

Il faut donner le goût des langues à ses enfants, encourager la curiosité par le jeu, les voyages sont un extraordinaire moyen d’utiliser les petites connaissances accumulées.

Un petit rappel sur la culture française :

Malgré la mondialisation que nous vivons depuis le XIXeme siècle, la France reste un pays où la culture du monolinguisme est très forte.

L’histoire nous rappelle que le français a été fixé comme « langue officielle » dès François Ier (par l’ordonnance de Villiers-Côterets en 1539). C’est de cette volonté qu’est née l’Académie Française fondée en 1635 par le cardinal de Richelieu. Puis que l’utilisation des langues régionales a été méprisée par la Révolution française (car perçue comme un obstacle à l’unité de la République) avant d’être âprement combattue à la fin du XIXeme siècle par l’école de Jules Ferry. À ce titre, le bilinguisme suscite encore trop souvent en France méfiance, crainte et étonnement.

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L’Académie française

La raison principale du monolinguisme en Europe est que « les langues nationales européennes ont été des enjeux historiques des affirmations identitaires, et n’ont laissé que peu d’espace aux groupes minoritaires multilingues ».

À l’échelle mondiale pourtant, le monolinguisme reste une exception comme le rappelle Barbara Abdelilah-Bauer : « la moitié, au moins, de la population mondiale est bilingue ou plurilingue. Sur quelques deux cent vingt-quatre Etats dans le monde vingt-neuf seulement sont monolingues. Malgré cette réalité, l’idée de l’effet négatif du bilinguisme précoce a hanté l’inconscient collectif pendant de longues années ».

La reconnaissance du bilinguisme ne date pas d’hier, déjà, Goethe, en son temps nous disait « qui ne connaît pas de langues étrangères ne sait rien de la sienne ».

L’exemple de la Finlande :

Ce pays qui a décroché en 2000 et 2003 la tête du classement PISA grâce à la bonne maîtrise de ses élèves en langues et en lecture adopte un apprentissage précoce d’une seconde voire d’une troisième langue très tôt, consciente que leur langue n’est pas apprise par les étrangers.

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Les petits Finlandais

L’enseignement s’y avère très efficace car il repose sur la méthode TPR, s’appuyant sur le fait que les jeunes enfants apprendront les langues étrangères par imitation et répétition de mots, de phrases et de structures, par exemple de petites phrases courtes données lors d’un jeu. Les premières phrases ainsi répétées deviennent des modèles syntaxiques pour les productions plus personnelles qui viendront par la suite. C’est en s’appuyant sur les cinq sens, alternant des activités courtes et variées et en encourageant l’entrain naturel de l’enfant pour apprendre en s’amusant, que les finlandais ont obtenu de si bons résultats aux enquêtes PISA.

Les enfants multilingues :

Ils n’ont pas une courbe d’apprentissage du langage aussi lisse qu’un enfant monolingue.

Les parents doivent en être conscients, apprendre à patienter et à faire confiance à l’incroyable potentiel cognitif du très jeune enfant.

Le défi des enfants bilingues de Barbara Abdelilah-Bauer.

Sylvie d’Esclaibes

Un commentaire sur “Les atouts du bilinguisme précoce

  1. Articles intéressant, en Nouvelle-Calédonie, nou savons de nombreuses langues locales. C’est ce qu’il faudrait dans nos écoles, que l’enfant apprenne sa langue maternelle (de son père et de sa mère), le français et aussi l’anglais. Et c’est surprennant qu’un enfant peut le faire dès son plus jeune âge.

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