Le mois des sorties au Lycée Montessori Athéna.
Voici un très intéressant compte rendu de sortie rédigé par notre professeur de français, Marie Robert.
Episode 1 – Le Panthéon.
« Si j’ai survécu, je le dois d’abord et à coup sûr au hasard, ensuite à la colère, à la volonté de dévoiler ces crimes et, enfin, à une coalition de l’amitié, ainsi qu’à mon irrépressible espérance »
– Germaine Tillion.
Pour commencer ce mois consacré aux sorties à Montessori, nous avons eu la chance de profiter du radieux soleil parisien. Après quelques pas dans le mythique jardin du Luxembourg déjà paré de ses allures d’été, notre troupe a lentement remonté la rue Soufflot. Tout juste le temps de savourer une pause sur les marches du Panthéon, ayant abrité les conversations de si nombreux étudiants, que notre guide était déjà arrivé.
Docteur en Histoire, spécialiste des monuments parisiens, affilié au Panthéon et à la Conciergerie, le conférencier nous a fait débuter la visite par une observation architecturale. D’abord prénommé « Eglise Sainte-Geneviève », édifiée par l’architecte Soufflot à partir de 1764 sur ordre de Louis XV, puis devenu « Panthéon » en 1791, le monument impressionne par sa taille majestueuse. Symbole farouchement défendu par chaque courant politique, notre conférencier a attiré l’attention des élèves sur son statut de « Temple laïc » dédié au culte des Grands Hommes.
Une fois réfugiés à l’ombre des colonnes, nous avons admiré les sculptures allégoriques illustrant l’idée d’Education ou de Patrie. C’est à ce moment justement que la visite est devenue plus participative. Notre guide a commencé à interroger les élèves sur des notions telles que « le sacrifice » ou « le courage ». Soudain, quittant le confort passif de simples visiteurs, les élèves ont été immergés dans l’Histoire et plongés au cœur de ses tumultes. Leur attention était vive, ils répondaient et posaient des questions pertinentes, d’abord timidement, puis s’interrogeant de plus en plus frontalement sur le rôle qu’ils auraient eu dans une France occupée, comprenant ainsi que l’Histoire est une matière vivante, une matière en mouvement et que ce lieu dessine notre identité.
L’Histoire est une discipline complexe qui nous engage puisqu’elle est faite par chacun de nous. Forts de cet élan, nous sommes rentrés à l’intérieur avant de très vite redescendre dans la crypte pour honorer les figures qui y reposent.
Voltaire, Felix Eboué, Jean Jaurès, Jean Moulin, l’hommage aux Justes, Germaine Tillion,…etc., plus que des noms gravés dans le marbre, ce sont des destins que nous a présenté le conférencier, en dévoilant également le processus de sélection qui les a conduit en ces lieux. Il n’était pas question de se laisser impressionner par le passé mais plutôt de leur rendre hommage en insistant sur le fait qu’ils étaient des hommes et des femmes comme nous, qui, saisis par le souffle de l’Histoire, ont eu le courage de s’inscrire en différence, de ne pas céder à la dictature de la masse et de respecter leur intuitions profondes. Quelle belle leçon pour des adolescents que de valoriser l’importance du caractère, du tempérament, de la résistance à la norme !
La visite s’est terminée par un atelier au cœur de l’exposition « Quatre vies en résistance ». Les élèves étaient réunis en petits groupes et devaient réfléchir à l’écriture d’un message à enregistrer sur le videomaton et à laisser sur les écrans du parcours. Au-delà de l’aspect ludique, l’objectif était de saisir quels échos la visite a suscités chez les élèves, et l’importance de la transmission de ces valeurs humaines, avant même d’être républicaines.
Certains ont travaillé autour de l’idée de liberté, les autres autour de l’éducation, et les derniers sur le thème du sacrifice. Tous les messages ont été aussi percutants que touchants. Les élèves ont réellement joués le jeu, soucieux de donner leur point de vue, et comprenant la nécessité de ce geste. Les voir si concernés par cette démarche m’a conforté dans l’idée de les rendre acteur de leur apprentissage.
Nous avons terminé notre journée parisienne par une pause Place de la Sorbonne, en commentant cet établissement qui fut mon « école » pendant dix années. C’est avec émotion et nostalgie que j’ai imaginé mes charmants élèves rejoindre à leur tour les bancs des amphithéâtres, pouvant, grâce au savoir, donner à leur vie toute l’amplitude qu’elle mérite. J’espère en tout cas, leur avoir donné envie. Merci à eux et vivement la prochaine sortie !