L’avenir de notre école passe par l’autonomie
Voici un article (qui parle bien sûr de Montessori) très intéressant publié par le journal “les Echos” du 10 juin. Laisser plus d’autonomie aux écoles me semblent très important. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de rester sous le statut d’établissement hors contrat. En effet, cette autonomie par rapport à l’Education Nationale, nous permet de choisir nos professeurs, d’enseigner les langues dès la maternelle comme nous le souhaitons, d’enseigner le chinois en primaire ou bien encore la philosophie à partir de 6 ans et de prendre de nombreuses initiatives positives pour la qualité de l’enseignement donné à nos élèves. En effet nous avons de plus en plus à cœur de trouver des nouveaux moyens pédagogiques afin que nos élèves (ne venant pas de la pédagogie Montessori), surtout en collège et lycée, continuent à aimer apprendre et retrouvent la confiance en eux et en l’adulte.
En revanche, ce choix en France n’est possible qu’en restant une école hors contrat, c’est-à-dire, malheureusement, pas accessible à tous.

En revanche, contrairement à beaucoup d’écoles Montessori, j’ai choisi depuis 25 ans de respecter les programmes de l’Education Nationale afin d’être certaine que nos élèves auraient bien toutes les compétences nécessaires pour s’adapter n’importe où et pour réussir les examens. Ces programmes nous les respectons en instituant des plans de travail par niveau pour chaque élève auxquels nous adjoignons le matériel concret Montessori pour toutes les matières afin que l’enfant comprenne toujours très bien ce qu’il fait. Nous utilisons également des cahiers d’exercices respectant ces programmes qui sont pour nous une vérification des acquis de l’élève.

La réforme des rythmes scolaires, puis celle du collège, illustrent un paralogisme bien connu des ministres de l’Education nationale, et qui n’aurait pas déplu à Aristote :
Une réforme s’applique à toutes les écoles.
Or, une école n’est pas la même qu’une autre école.
Donc, une réforme ne s’applique pas à toutes les écoles. (Donc grèves.)
N’est-il pas absurde de décider, dans un bureau de la rue de Grenelle, comment seront organisés les cours d’allemand, ou à quelle heure les enfants devront se lever le mercredi matin, qu’ils habitent le 7e arrondissement parisien, les quartiers nord de Marseille ou le paisible Morvan ?

D’autant qu’une solution alternative, d’abord expérimentée en Suède, est aujourd’hui en passe de bouleverser le système scolaire britannique. Les « free schools », lancées au début de son mandat par David Cameron, connaissent un essor rapide : 250 se sont ouvertes depuis 2010 et 500 de plus sont attendues d’ici à 2020. Elles viennent compléter les « academies » créées par le gouvernement précédent (New Labour) pour introduire dans la gestion des écoles publiques un élément fondamental : l’autonomie. Deux tiers de l’enseignement secondaire serait désormais concerné.
Les fondateurs de ces écoles, souvent de simples parents désireux d’innover, décident eux-

mêmes de leurs principes de gestion et de pédagogie, en respectant les grandes lignes définies par l’Etat sur le contenu de l’enseignement et les critères d’admission. Libres à eux d’établir le nombre d’heures de cours, de choisir les matières enseignées (la lutte gréco-romaine, le mandarin, le jardinage ou la robotique ont ainsi fait leur apparition), de recruter les enseignants qui leur semblent les mieux adaptés, indépendamment de leurs diplômes (qui peut se plaindre qu’un compositeur reconnu devienne prof de musique ?), d’introduire les MOOC et les iPad ou au contraire de revenir à la plume et à l’encrier. On peut ainsi espérer que, par expérimentation et émulation, les principes les plus efficaces soient progressivement plébiscités, tout en préservant la diversité de l’offre éducative.
Décentralisation ne signifie pas privatisation, et encore moins ghettoïsation. Les « free schools » sont « free » dans les deux sens du terme, car intégralement financées par le gouvernement, sur la même base budgétaire que les écoles d’Etat. Comme l’ont montré plusieurs études, publiées par l’Institute of Education ou Public Exchange, elles se sont développées avant tout dans les quartiers les plus populaires et produisent des effets positifs sur l’ensemble des écoles adjacentes.

Etant par nature sceptique sur le succès des politiques publiques, je me suis rendu dans l’une des toutes premières « free schools », fondée par le très libéral Toby Young, qui a voulu promouvoir les savoirs fondamentaux. Dans des bâtiments de briques un peu éreintés se mêlent comme (presque) partout des ados de toutes les couleurs de peau. Sauf que là-bas, pas de débat sur le latin, puisqu’il fait partie du tronc commun. Pas de débat sur l’interdisciplinarité, puisque les élèves dissertent sur des textes de Shakespeare et de Miller dès la sixième.

Pas de débat sur les horaires des cours, puisqu’ils ont été peu à peu ajustés pour réserver davantage de temps à la musique et au sport. Pas de débat sur le port du voile, puisqu’il est autorisé (et minoritaire). Pas de débat sur la discipline, puisque l’uniforme est obligatoire et que les fauteurs de troubles se voient imposer des cours supplémentaires sur Platon et Machiavel. A la plus grande satisfaction des parents, dont j’ai pu constater, en trompant mon ennui lors du spectacle de marionnettes de fin d’année, qu’ils reflétaient la diversité de la population londonienne.
D’autres « free schools » adoptent des principes radicalement différents, façon Montessori par exemple. L’essence de l’autonomie est de permettre aux parents de faire leurs propres choix, une tendance également à l’oeuvre en France, mais de manière discriminante, puisqu’elle n’est possible chez nous que dans le privé hors contrat (et donc payant). Les Britanniques, fidèles à leur idée de Big Society, nous montrent la voie d’un Etat qui régule et facilite sans décider de tout pour tous, favorisant mieux l’égalité des chances réelle que ne le fait un égalitarisme formel.
Toby Young fut dans sa jeunesse l’auteur d’un best-seller hilarant, « Comment se faire des ennemis ». Il faut croire que notre actuelle ministre de l’Education s’en est abondamment inspirée. Si elle veut se faire des amis, on lui conseille d’engager la révolution de l’autonomie. Pour enrayer la fuite vers le privé, inventons le privé pour tous !
Gaspard Koenig
Gaspard Koenig est écrivain et président du think tank GenerationLibre.
“Pas de débat sur la discipline, puisque l’uniforme est obligatoire et que les fauteurs de troubles se voient imposer des cours supplémentaires sur Platon et Machiavel”. excellent ! et bravo au lycée international Montessori – école Athena , ( toujours) pionnier en France d’une école autrement …
pour apprendre l’autonomie et la confiance aux jeunes , en particulier ceux qui veinnet de systèmes classiques à la pedagogie verticale