Expérimenter dans la nature

L’étude du vivant est au programme du cycle 2 pour l’Education nationale. Les enfants sont amenés à s’interroger sur les caractéristiques du monde vivant, ses interactions, sa diversité. Vaste programme !

Ces connaissances sont fondamentales pour les adultes de demain. Elles permettent notamment aux enfants d’aujourd’hui de prendre conscience de la beauté et de la fragilité de toute vie. Grâce à elles, les enfants vont aimer toujours plus la vie, leur planète, les êtres qui l’habitent, et auront envie d’en prendre soin. Ils vont comprendre comment leur corps fonctionne. Ils vont s’interroger sur les différences entre les être vivants, et voir que chacun à une place précise. Ils vont prendre conscience qu’à leur place, ils ont un rôle à jouer pour être artisan de paix, pour oeuvrer pour le Beau et le Bien, pour protéger notre planète.

Maria Montessori disait : « Il n’est rien dans l’intelligence qui n’ait été perçu par les sens »

Nul besoin d’être formé à la pédagogie Montessori pour comprendre combien il est important pour l’enfant de toucher, de sentir la nature pour mieux la comprendre. Il en est d’ailleurs de même pour les adultes.

Les préconisations pour aborder cette partie du programme vont d’ailleurs dans ce sens : favoriser l’expérimentation des enfants.

Cependant, il n’est pas aisé lorsque l’on est professeur des écoles et que l’on a 25 ou 30 enfants sous sa responsabilité de toujours passer par l’expérience individuelle des enfants.

Il me semble qu’en la matière, les parents ont un grand rôle à jouer. Voici quelques pistes :

– on ne le dira jamais assez, le temps libre passé en plein air par les enfants devrait être illimité. Si vous avez la chance d’avoir un jardin, laissez votre enfant y sortir par tous les temps, sans lui proposer une quelconque activité. Il trouvera lui-même comment s’occuper. Très vite, vous le verrez observer le laborieux travail des fourmis, la lente progression des escargots, il fera de lui-même une collection de plumes, etc. Nul besoin pour cela d’avoir beaucoup de terrain. Si vous n’avez pas de jardin, emmenez votre enfant en forêt, sans prévoir de promenade. Posez vous en un lieu et proposez lui d’explorer les alentours. Vous pouvez faire de même dans un grand parc.

Ne le sollicitez pas forcément, laissez le faire ses découvertes. Bien sûr, s’il vous questionne, répondez et si vous ne savez pas répondre dites lui et en rentrant à la maison, cherchez ensemble les réponses dans des livres ou des encyclopédies. Si vous le sentez intéressé, laissez les encyclopédies et les livres à sa portée pour qu’il puisse lui-même aller chercher les réponses aux questions qui l’intéressent.

Cette expérience du contact de la nature est primordiale et l’enfant retiendra bien plus de ses observations que de tout discours que vous pourrez avoir.

– proposez-lui d’avoir son petit coin de jardin, soit dans votre jardin si vous en disposez, soit chez des grands-parents ou des amis qui seraient d’accord…

L’enfant sera responsable de ce petit coin. Sans que vous ayez besoin de lui expliquer longtemps, il comprendra que s’il veut récolter des légumes il faut d’abord les planter puis prendre soin de la plante, et surtout avoir beaucoup de patience… Le cycle de vie d’une plante n’aura plus beaucoup de secret pour lui alors que vous ne l’aurez pas étudier en long en large et en travers. En jardinant, il découvrira une multitude de petites bêtes. Si vous jardinez avec lui, vous pouvez lui expliquer simplement le rôle de ces petites bêtes, de la coccinelle au vers de terre, en passant par la taupe… Renseignez vous un peu sur la question pour pouvoir entamer des petites discussions au cours de vos découverts : « sais-tu que le cloporte est un crustacé ? », « c’est incroyable, les abeilles sont très attirées par certaines mauvaises herbes, qu’on pourra laisser pour elles dans notre jardin, mais elles ne butinerons ni la rose, ni le géranium – pourtant si beaux – qui ne produisent pas de nectar ! » cela peut donner lieu à de belles discussions et un enrichissement très intéressant…

Bien entendu, de belles lectures pourront venir compléter toutes ces observations et l’enfant y trouvera un intérêt tout particulier car il les raccrochera à des questionnements ou à ses observations.

– Offrez lui cet été quelques précieux jours de vacances en pleine nature. Le temps d’un week-end peut suffire à vivre à avec lui une expérience mémorable ! Et pour cela, il n’est souvent pas la peine d’aller bien loin de chez soi. Il faut juste trouver un coin de nature, prévoir un petit itinéraire à faire à pied ou à vélo, avec éventuellement un lieu de campement pour passer une nuit sous la tente, ou encore mieux à la belle étoile ! Le tout est de pouvoir aller au rythme de l’enfant, de pouvoir s’arrêter facilement pour observer un animal, un insecte, une jolie fleur, pouvoir s’allonger sous un arbre et profiter de son ombrage, observer son tronc, ses feuilles, ses racines si profondes, écouter le vent, regarder les ombres, observer les nuages…

Si vous disposez d’une tente et de sacs de couchage, l’aventure du camping est très enrichissante pour les enfants. Le soir, il entendra des bruits qu’il n’a pas l’habitude de percevoir. Il pourra observer la nature d’une nouvelle manière. Aborder la notion nocturne/diurne sera alors beaucoup plus efficace qu’enfermé dans une classe, ou même à la maison ! Vous pourrez aussi contempler le ciel la nuit, parler ensemble des phases de la lune, des étoiles, des constellations ! Faites lui confiance, il saura vous interroger au-delà de vos compétences et de retour à la maison vous pourrez ensemble faire de nouvelles recherches !

Vous trouverez vous-même encore une quantité d’idées pour explorer ce thème si vaste. Soyons convaincu, avec Maria Montessori, que « c’est en voyant et en entendant que la personnalité de l’ego se forme, croît, profite et se maintient. »

Sylvie d’Esclaibes

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