Episode 4 – N’oubliez pas, on vit juste pour quelques rencontres !

Cinquième jour sur place, Alexandre a pris la mesure de l’espace, il est désormais installé et la découverte laisse place à l’instauration de la familiarité. L’émotion prend forme et devient pragmatique, car l’enjeu est de lister les nécessités à établir avant le prochain voyage. Son temps se répartit entre plusieurs dimensions : l’observation, la formation, l’action. Les trois piliers de l’humanitaire dont il s’empare de plus en plus, avec la générosité, la pertinence et la concentration qui le caractérise.

S'entraîner.
S’entraîner.

 

La première mission est de comprendre l’organisation d’une journée d’école, rythmée par les 2 kilomètres parcourus dans la brousse plusieurs fois par jour, bien loin de notre précieux bus 17 qui nous offre le confort climatisé. Pour obtenir de l’eau, il s’agit de remonter des sceaux, disons pudiquement que les activités sportives sont intégrées à la quotidienneté. Le Directeur de l’école présente à Alexandre une classe de CM1. Une grande partie de la méthode consiste à s’ancrer dans la récitation et à obtenir de bons ou de mauvais points. Le merveilleux principe de l’autocorrection montessorienne va sans doute leur sembler un peu singulier. Le niveau est relativement fragile, mais les enfants sont fiers de montrer ce qu’ils savent, même si leur maitrise du français est précaire et qu’ils considèrent la langue comme celle des études plus que celle de l’échange. Le matériel Montessori qu’ils commencent à découvrir est non seulement un moyen de progresser, mais aussi une façon de renouveler leur rapport au langage, d’étendre leur capacité de discussion, de préciser leurs pensées. Apprendre des mots, c’est apprendre à dire ce qu’on est. C’est donner de l’ampleur à son identité.

La transmission. La pédagogie Montessori en action.
La transmission. La pédagogie Montessori en action.

 

Le second temps consiste à initier les élèves et les éducateurs aux outils de la pédagogie. Alexandre s’occupe des CE2 qui ne savent pas lire correctement. Les classes sont chargées mais les élèves sont demandeurs, concernés, intrigués. Quel plaisir de voir l’immédiateté de la démarche. Les mises en pairs leur plaisent, ils mémorisent les formes des lettres, en redemandent, détournent la pratique, rient. C’est une rencontre, pour Alexandre comme pour les enfants, ce sont deux mondes qui ont à se dire. Déjà des noms de se mettent sur les visages, Nestor, Anas, Tanguy, etc., la curiosité laisse place à l’intimité. Alexandre se transforme en grand frère, celui qui ne les laissera pas, celui qui reviendra.

Les tissus pour développer le toucher.
Les tissus pour développer le toucher.

 

Mais si la confiance est présente dans le lien qui se tisse, dans les discussions, il faut aussi la matérialiser. C’est pour cela qu’il faut passer par l’action. Quelle belle surprise pour les enfants de rentrer et de découvrir que la bibliothèque a été ouverte et tous les matelas changés ! Leur monde se construit par la volonté. Agir, être présent, donner, et comprendre leur manière de vivre, c’est enclencher une vague si forte de bonheur chez eux, que le cercle ne peut que devenir vertueux. A l’aube du sixième jour, pas de repos pur Alexandre, mais l’envie épidermique de puiser au fond de lui la plus jolie des réserves : celle qu’on réserve à l’Autre.

Alexandre et les enfants heureux.
Alexandre et les enfants heureux.

 

Marie.

 

 

 

 

 

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