En finir avec l’enfant roi !

J’ai lu un article dans le nouveau journal “enfants psychologie” sur l’enfant roi qui m’a beaucoup intéressé et j’ai eu envie de le partager avec vous.
En effet, depuis près de 25 ans, que j’ai créé mon établissement Montessori, je remarque un très grand changement de comportement d’un grand nombre d’enfants.
Il semble que personne ne leur dit jamais “non” ou alors quand on leur dit “non”, ils pensent toujours que cela pourrait être “oui” !
J’ai même eu un jour un élève qui m’avoua : “tu sais, Sylvie, et bien mon père fait tout ce que je veux, il m’obéit toujours !”. Cet enfant était très difficile, incapable de gérer les relations avec les autres, n’ayant aucun respect pour les autres, ni pour lui-même et ne gérait aucunement ses émotions et de ce fait se retrouvait souvent seul et sa vie dans notre petite société qu’est la classe, était bien difficile.

J’avoue que dans ma classe, il règne une ambiance très détendue mais avec de vraies limites et de ce fait les enfants s’y sentent bien. C’est ce que les parents me disent bien sûr ! En effet mardi, jour de rentrée, tous mes élèves de l’an dernier avaient hâte que le premier jour d’école arrive. C’est donc bien la preuve que des limites mises avec bienveillance donnent entièrement satisfaction aux enfants.
Je me souviens toujours d’une super maman d’élèves de mon école qui me racontait avoir dit un jour à un de ses fils âgé de 7 ans : “ce serait plus facile pour moi de te dire toujours oui, car tu ne serais alors pas en colère après moi que je te refuse des choses, mais le rôle des parents, c’est de construire des murs pour que vous puissiez vous y appuyer.” et le petit garçon a répondu : “oh oui, c’est bien car cela nous permet de nous y reposer de temps en temps !”.
C’est également ce qui est très intéressant et très bénéfique pour les enfants dans la pédagogie Montessori telle que nous la pratiquons dans notre établissement, le lycée International Montessori Athéna, les enfants ont une certaine liberté, mais dans un cadre strict. Je vous propose alors de relire mon article sur “la liberté” dans notre école Montessori.

De même, on voit certains enfants obtenir tout ce qu’ils veulent. Ensuite on les retrouve totalement blasés, sans désir et donc sans volonté. En effet pour obtenir les choses, ils n’ont aucun effort à faire, donc pourquoi en faire ? et surtout comment faire un effort ?
Egalement dans notre pédagogie Montessori, chaque matériel n’existe qu’en un seul exemplaire dans la classe de maternelle notamment. De ce fait, si un enfant désire le matériel qu’un autre enfant est en train de manipuler, il doit attendre que ce dernier ait terminé et l’ait reposé sur l’étagère à la bonne place. De ce fait, les enfants apprennent à attendre et à gérer la frustration de ne pas avoir immédiatement ce qu’ils désirent. C’est tellement important !
Lisez cet article, je l’ai trouvé vraiment intéressant !
Sylvie d’Esclaibes
“En éducation, il est plus facile de dire oui que de dire non. Pourtant, c’est dans la frustration que les enfants apprennent le vrai sens de la vie et que l’on peut donc les armer pour le futur. Et si on arrêtait de leur donner tout, tout de suite et de les gâter à l’excès?
Un parent est là pour guider et endosser sa responsabilité d’éducateur, répondre à tous ses désirs est une grossière erreur qui va le desservir tout au long de sa vie.
En finir avec l’enfant roi.
Pour les enfants trop gâtés, il est très difficile de développer de l’estime dans leurs fréquentations avec les gens et les choses. Certaines émotions ne s’expriment pas complètement. Les “enfants-rois” se voient satisfaire leurs moindres désirs. D’où la difficulté de se réjouir longtemps de ce qu’ils ont.
De plus, lorsqu’ils grandissent, ces “enfants-rois” sont plus facilement jaloux, sont souvent voire toujours insatisfaits, montrent peu d’empathie ou d’attention pour les autres, s’adaptent difficilement aux situations et aux autres, manquent de persévérance et sont souvent paresseux, sont plus sensibles que les autres à la dépression et aux réactions d’angoisse, ont du mal à faire face aux difficultés de la vie qui se présentent. Paradoxalement, à force d’être comblés de partout, les enfants souffrent de troubles de l’attention, de concentration, l’hyperkinésie, de perfectionnisme, de tocs, de troubles oppositionnels. On les retrouve trop souvent déréalisés, désertant de plus en plus leur propre vie suite au manque de préparation à surmonter les inévitables expériences d’incomplétudes que présente la vie.

Pourquoi on les gâte trop.
En général, les parents qui gâtent beaucoup trop leurs enfants, sont des parents qui “culpabilisent” et qui cherchent à “compenser” un manque: ils ne sont pas assez présents ou compensent l’absence de l’autre parent, ils travaillent trop, sans parler des erreurs souvent commises avec un enfant unique.
Les situations familiales actuelles contribuent également au nombre croissant d’enfants-rois. Moins d’enfants par ménage, plus d’enfants uniques, davantage de famille “éclatées”…
De la frustration naît le désir

Il est totalement impensable d’élever un enfant sans frustration, car cette frustration est structurante. Les frustrations éducatives sont donc celles qui amènent l’enfant à prendre très progressivement une distance vis à vis de sa mère, qui lui permettent d’intérioriser la Loi, les limites, l’existence du principe de réalité (sevrage, mise en place des interdits indispensables, etc.). Elles sont libératrices, permettent l’accès au symbolique et facilitent le chemin vers l’autonomie. Encore faut-il que l’on reconnaisse à l’enfant le droit d’exprimer ce que ces frustrations lui font vivre.
A ce propos le psychologue Igor Reitzman explique: “si à un moment donné, l’enfant ne peut accéder à l’objet dont il a envie (bonbon, émission télévisée…), il vit une frustration souvent intense mais que je propose d’appeler micro-frustration puisque ses besoins fondamentaux ne sont pas concernés. Dans les premiers temps, son déplaisir s’extériorise par un chagrin et/ou une agressivité disproportionnés du point de vue de l’adulte. Si ces émotions sont accueillies avec sérénité,des micro-frustrations peuvent être saines et positivement structurantes. Elles vont aider l’enfant à se construire, à prendre conscience de lui-même comme personne séparée, “à se poser en s’opposant”, à tolérer de mieux en mieux un certain niveau de frustration, à acquérir l’agressivité indispensable, celle que l’on contrôle suffisamment, qui fournit l’énergie nécessaire à l’action et qui permet de ne pas se laisser écraser.”

Gabrielle Rubin démontre dans son livre “Eloge de l’interdit” l’importance de l’interdit dans le développement psychique de l’enfant. L’interdit rend intelligent, car il oblige à la réflexion et donc à la construction de la pensée. Imposer des limites est donc primordial pour l’éducation de l’enfant.
Il faut veiller aussi à ne pas tomber dans l’autoritarisme ou l’excès d’interdits…d’où l’importance du mot “bienveillance” au début de l’article. Un juste milieu est parfait …. mais la perfection n’existe pas ^^ pas toujours facile de mesurer l’impact de l’éducation que l’on donne à nos enfants car ils sont tous différents avec des tempéraments différents…
Bonjour, Je suis tout à fait d’accord avec vous. Merci.