Des nouvelles du collège et du lycée – épisode 4

Aujourd’hui, c’est Thibault, notre enseignant de français et d’art en 6ème et 5ème qui nous propose un texte sur la façon dont il a organisé le suivi pédagogie des élèves du Lycée Montessori International Athéna de Bailly.

Il est également éducateur Montessori en classe de primaire pour les enfants de 6 à 12 ans et a donné la même qualité d’écoute, de créativité et de suivi avec tous les élèves. Je le remercie infiniment pour cet engagement inconditionnel quotidien.

“La période de confinement est arrivée soudainement. Même si tout le monde se doutait que la
contamination prendrait de l’ampleur et que les mesures de protection allaient nous amener à
changer nos façons de vivre l’école, c’était encore très abstrait.
La première semaine de confinement (2 semaines avant les vacances de Pâques), j’ai communiqué par email, et Facetime avec chaque enfant. Echange de copies, corrections, leçons … Très vite j’ai eu l’envie d’organiser une réunion avec plusieurs enfants pour rétablir l’interaction sociale qui, me semble-t-il, est primordiale dans tout apprentissage. Je leur ai proposé une première « visioconférence » en les invitant à participer à un jeu auquel nous avions déjà joué en classe, et qu’ils apprécient particulièrement. Un jeu qui privilégie la relation et les interactions orales (Deviner l’émotion qu’éprouve l’autre, face à une série de situations que je leur propose… tout un programme !).

J’ai choisi une plateforme que beaucoup de jeunes utilisent déjà (DISCORD). Ils étaient tous au rendez-vous, ravis, trépignants. L’heure et demie est passée très vite. Ils retrouvaient leurs repères. Avant la fin, ils m’avaient déjà demandé d’organiser un autre rendez-vous. A partir de là, il a été très facile de les solliciter pour qu’ils me rejoignent sur une autre plateforme (Ciscowebex et Zoom) et qu’ils participent à un cours dans une salle virtuelle. (Il m’est
arrivé de travailler avec un groupe sur une plateforme et un autre groupe sur une autre plateforme à la même heure, lors d’activités par équipe, pour finir par se rejoindre sur une troisième… Ils ont adoré, ils adorent.)
Je leur ai dans un premier temps proposé de continuer le travail avec les supports pédagogiques habituels, et de m’envoyer les exercices le soir. Je leur donnais ensuite des rendez-vous, soit en groupe de deux, soit seul à seul, pour des aides plus précises. Ils sont demandeurs d’une attention particulière.

Progressivement j’ai proposé plus de productions d’écrits. J’ai encouragé l’invention
de récits à « deux mains » (pas plus de deux). Et c’est d’abord à l’oral que chacun présente son
texte. (Au début les plus timides m’appelaient le soir et me lisaient leur histoire). Je leur propose
des modifications et en travaillant paragraphe par paragraphe, ils progressent ainsi dans leurs
écrits.
Je leur poste des fichiers de dictées sur le Cloud, que certains écoutent en autonomie et me
renvoient le jour même pour que je les corrige. Une très large majorité apprécie la possibilité de
faire la dictée tous ensemble en classe virtuelle. Cet exercice est d’ailleurs beaucoup plus agréable ainsi. En effet, chaque enfant est dans son territoire intime, il maitrise son environnement immédiat

  • possibilité de couper son micro ou sa caméra, revenir à l’image quand il le veut. Je respecte ces choix. Ils ont la possibilité de demander l’aide, oralement, d’un camarade si un doute les empêche de continuer la dictée. Je privilégie la coopération. A ce jour, j’ai pu constater que ces longues semaines de cours sont passées extrêmement vite pour
    eux. Les enfants sont de plus en plus autonomes et ne ratent pas les cours (ils sont présents dans la salle déjà avant le début du cours). Bien sûr pour certains (un élève ou deux) il est compliqué d’être vu ou entendu, de savoir interagir au bon moment, au contact des autres ; ils ne peuvent maitriser leur réaction émotionnelle qu’au prix d’efforts qui nuisent à l’apprentissage. Dans ce cas, j’organise des temps séparés de travail et tente de les inviter pour une intervention spéciale et courte, un exposé par exemple.
    Il peut parfois être très désagréable, quand nous sommes 18 ou 25 dans une même classe, de s’entendre, suivant le débit internet. La qualité sonore des discussions peut être à la limite du supportable. C’est pourquoi très vite ils ont adapté leur conduite et ont su rester maître de leur attitude, respectant la parole de l’autre sans l’interrompre. Bien sûr, il arrive parfois que deux élèves parlent en même temps, mais très rapidement ils coupent alors leur micro pour soulager le cours et permettre le dialogue.
  • Cette période a été, je pense, l’occasion de travailler cette maîtrise de soi.
    J’ai hâte de les revoir afin de pouvoir exercer cette continuité pédagogique, mais cette fois dans l’autre sens et se servir de cette expérience originale pour améliorer notre fonctionnement de groupe. Thibault, enseignant de français en 6ème, 5ème et éducateur Montessori de la classe de 6 à 12 ans.”

Sylvie d’Esclaibes

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