~ Vers l’Intelligence du Coeur.

Chers Parents, chers amis,

Vous êtes nombreux à vous interroger au sujet de mon engagement auprès de Sylvie Rousseau-d’Esclaibes dans la Création des Ecoles Athéna et la pédagogie de Maria Montessori.

Au-delà de l’admiration que je porte à Sylvie pour son extraordinaire engagement personnel et professionnel ainsi que pour ses grandes qualités humaines, cette action est pour moi une forme d’aboutissement dans mon parcours professionnel au cours duquel j’ai eu l’occasion d’accueillir et former de nombreux jeunes dans le métier qui est le mien depuis maintenant près de 40 ans.

La passion pour la marqueterie.

Je suis issu d’une famille qui compte des artistes, des marins, des dirigeants d’entreprise… Mon père a été pendant de nombreuses années DRH de BP France. Ma mère est diplômée des Beaux Arts de Lille.

Un drame vécu dans l’enfance et sans doute une certaine précocité m’ont poussé petit à petit très jeune vers une prise d’autonomie par rapport aux adultes et vers un rejet complet de l’école traditionnelle. J’ai choisi de porter le flambeau artistique mis en valeur aux siècles précédents par mes ancêtres d’Allemagne et de Belgique comme mon aïeul Karl Baumann qui était Maître Ferronnier à Aix-la-Chapelle ou son fils Théodore qui était artiste peintre, professeur puis directeur de l’Ecole de Peinture à Anvers. C’est ainsi que je suis entré en apprentissage en 1973 dans l’atelier d’un maître ébéniste extraordinaire qui a su me transmettre son amour du métier et a provoqué chez moi le début d’une dévorante passion pour le travail du bois, la marqueterie et tout ce que la proximité de ce noble matériau peut ouvrir comme chemins vers la découverte et le désir de connaissance.

L’univers du bois

L’univers du bois ouvré est extrêmement riche et vaste. Il est étroitement lié à l’histoire de l’humanité et au développement de la main qu’il a tous deux accompagnés au cours de leur évolution. Il est le reflet d’un progrès universel de plus en plus intelligent dans les techniques et les arts.  Une vie entière ne suffit pas pour en faire le tour. Plonger dans cet univers et tenter de le comprendre, tenter de s’y ménager une petite place en exerçant l’activité de maître artisan, c’est se confronter jour après jour à l’imperfection du geste et de l’esprit, se confronter aux multiples aléas de l’ouvrage au quotidien et à la nécessaire acquisition d’une somme très importante de connaissances. Tout cela provoque une grande humilité et nécessite beaucoup de réflexion et de persévérance dans l’étude et le travail.

L’ouvrage fini à l’atelier…

La satisfaction de l’ouvrage accompli est rare -la perfection n’est pas de ce monde- et la mise en œuvre du bois exige beaucoup de patience et de maîtrise de soi. Pour réussir, ou tenter de réussir, il faut être très habile et il faut savoir réfléchir, il faut beaucoup de maîtrise de soi, beaucoup de curiosité intellectuelle, une grande acuité visuelle -au sens propre comme au figuré- et savoir se projeter vers le futur tout en gardant une bonne préhension du présent. Il faut également être très respectueux des autres car la vie d’un atelier, cette petite communauté entièrement consacrée à un ouvrage difficile, est entièrement basée sur un respect total de l’environnement matériel et spirituel.

Un environnement “préparé”…

Toutes ces valeurs, je tente chaque jour d’en donner l’exemple et de les transmettre à mes apprentis et aux stagiaires que nous accueillons. J’ai aussi tenté de les transmettre à mes trois enfants qui, bien qu’ayant choisi de s’épanouir dans d’autres activités que la mienne, m’offrent la grande satisfaction de persévérer dans la voie qui est la leur, que ce soit au sein d’un sous-marin nucléaire, à l’Institut de Philosophie Comparée ou dans les métiers du spectacle.

Mon atelier ressemble à une classe Montessori. Tout y est basé sur le respect des autres et de l’environnement. Chacun peut y progresser individuellement dans un développement serein et harmonieux sous l’impulsion de ce guide qu’est le maître artisan. L’espace y est très étudié : chaque outil, chaque matériel – il y en a des milliers – y ont leur place qui doit toujours rester la même. Chacun y a son espace et respecte celui des autres.

L’odeur des bois et des vernis.

L’odeur des bois et des vernis, la clarté et les couleurs, la musique d’ambiance, le “chant” des outils, tout concourt à créer un environnement “préparé” très favorable à la concentration et à l’acquisition. L’ouvrage en cours et les techniques mises en oeuvre sont extrêmement formateurs. L’erreur y est évidente et doit toujours être autocorrigée. L’ouvrage ne peut s’accomplir qu’avec les bons outils matériels et intellectuels grâce à une action chronologique parfaitement ordonnée.

Les montessoriens savent de quoi je parle et reconnaîtront ici tout ce qui fait le fondement de la pédagogie Montessori.

Selon certaines études, le quotient intellectuel (QI) n’intervient qu’à 20% dans la réussite d’un individu.

QE et QI…

Il ne suffit pas de posséder une bonne culture générale, de faire preuve de logique, de détenir de vastes connaissances techniques ou mathématiques. Le quotient émotionnel, c’est-à-dire la capacité à percevoir correctement ses propres émotions et à identifier celles des autres joue également un rôle très important. Les tests de QI tendent de nos jours à évoluer pour intégrer ces critères d’intelligence émotionnelle. Combien de personnes à haut QI, qui ont fait de hautes études, qui ont été élèves de grandes écoles, qui ont de très hauts diplômes, combien de ces personnes sont-elles douées de nos jours de cette intelligence émotionnelle ?

Le développement sensoriel et émotionnel est particulièrement favorisé dans les écoles Montessori. Je pense pour ma part qu’en optimisant l’intelligence de la main, celle des cinq sens en même temps que celle du cerveau, la pédagogie Montessori proposée dans les Ecoles Athéna favorisera l’émergence de ce que les psychologues appèlent le Quotient Emotionnel (QE) et que je préfère appeler l’Intelligence du Cœur.

Une gestion saine et équilibrée.

En m’engageant auprès de Sylvie Rousseau d’Esclaibes dans la fondation des Ecoles Athéna, fort de mon expérience de chef d’entreprise depuis plus de 20 ans, je m’occuperai notamment de la gestion “en bon père de famille” de cette nouvelle entité, tout en poursuivant mon activité de maître artisan.

Atelier de patisserie. Arts culinaires

Je participerai aussi au développement du potentiel de nos élèves vers cette fameuse intelligence du coeur en mettant en place des ateliers dans lesquels ils pourront, s’ils le souhaitent, en parallèle à leurs études académiques, découvrir, étudier et participer à la mise en oeuvre des techniques artistiques et artisanales de leur choix (modelage-moulage, sculpture, poterie, peinture, cuisine et patisserie, arts du spectacle, etc…)  tout en étudiant jusqu’au plus haut niveau possible grâce à la pédagogie Montessori adaptée jusqu’aux grandes classes par Sylvie.

Ils poursuivront ainsi leur développement intellectuel, sensoriel et émotionnel commencé dès les petites classes Montessori et, tout en privilégiant le succès dans les études académiques et dans l’apprentissage des langues, pourront y adjoindre un développement de plus en plus affiné de l’intelligence de la main et du coeur.

L’avenir en toute confiance.

Ils acquerront de cette façon tous les outils nécessaires au devenir de personnes autonomes, réfléchies, conscientes de leurs capacités, capables de prendre en main leur avenir avec toutes les chances d’une belle réussite sociale et professionnelle.

Joël Philippin-Stefansen
Le site Internet de l’Atelier Stefansen:           www.stefansen.fr
 
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Liens :
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