Un article passionnant à lire absolument

Voici un article passionnant qui encore une fois, renforce tout ce que nous mettons en place dans nos écoles Montessori Athéna et partenaires :

  • Le fait que l’enfant peut apprendre dès le plus jeune âge
  • Qu’il est important de lui présenter une deuxième langue le plus tôt possible
  • Qu’il faut lui parler avec un langage d’adulte dès la naissance
  • Qu’il traverse des périodes sensibles où certains apprentissages vont être facilités
  • Qu’il est essentiel de développer l’attention chez l’enfant (la majorité du matériel mis en place de 0 à 6 ans) a cet objectif direct
  • L’engagement actif est essentiel : c’est ce que nous faisons avec ce travail individuel permanent pendant toute la scolarité et avec les manipulations de 0 à 12 ans.
  • La nécessité d’une absence de stress. Ce stress étant souvent généré par le système de notes que nous avons supprimées jusqu’au collège. Et ensuite les notes ne sont pas sur les copies afin que les élèves ne se comparent pas les uns aux autres.
  • Le fait que l’on apprend par l’erreur. Notre matériel possède dans la majorité des cas le contrôle de l’erreur.

Sylvie d’Esclaibes

Cet article est paru dans Le Monde du 20 novembre 2019 et l’auteur en est Florence Rosier :

“NEUROMYTHES” ET REALITES SUR NOTRE CERVEAU

Des pistes d’une pédagogie fondée sur les forces du cerveau se dessinent, à condition de prendre conscience de ses faiblesses, avec pour objectif de mieux les déjouer, et de démonter quelques « neuromythes ».

Les nouveau-nés ne sont pas dotés d’un logiciel cérébral qui leur assurerait d’emblée les grands savoirs (langage, mathématiques…). Pour une raison simple : notre génome n’est pas en mesure de coder tous les raffinements de nos connaissances. Avec ses trois milliards de « lettres » sur l’ADN de nos cellules, sa capacité de stockage est de 750 mégaoctets. Soit l’équivalent d’une petite clé USB. Notre cerveau, lui, héberge quelque 100 milliards de neurones, qui établissent un total de 1 milliard de milliards de connexions. Il serait donc impossible de précâbler génétiquement le cerveau humain. C’est l’apprentissage qui prolonge l’œuvre des gènes. Avec cet atout vital : il nous rend rapidement adaptable aux changements de notre environnement. Notre pensée résulte ainsi d’un compromis entre énormément d’inné et encore plus d’acquis.

Le bébé est un scientifique en herbe
VRAI. C’est même une machine à apprendre, souvent imitée mais jamais égalée. Dès les premiers mois de vie, le bébé formule – à son insu – des hypothèses sur le monde qu’il observe. Ensuite, il les met à l’épreuve de la réalité et les revoit constamment à la lumière de ses expériences, par un jeu de déductions rigoureuses. Le bébé possède ainsi déjà des intuitions précoces pour le langage, l’arithmétique, la logique ou les probabilités. Tous les enfants démarrent dans la vie avec une architecture cérébrale analogue.

Le jeune enfant peut ainsi apprendre le langage en un temps record. Prenons le mot « chien ». La première fois que sa mère lui dit « regarde ce chien », le bébé peut croire qu’il s’agit du seul chien qu’il voit : celui de son grand-père, par exemple. Ou, à l’autre extrême, de tous les quadrupèdes existants. Comment savoir ? Quand le bébé entend à nouveau ce mot, appliqué à d’autres chiens – mais jamais aux chats ni aux lapins –, il élargit le concept à toute l’espèce, mais en le restreignant à cette seule espèce. Il suffit de trois ou quatre expériences pour que le bébé converge vers le sens d’un mot nouveau. Ce faisant, il opère de 10 à 1 000 fois plus vite que les réseaux de neurones artificiels actuels ! Mais il ne retient les mots nouveaux que s’il comprend l’intention de celui qui parle – son père ou sa mère, le plus souvent.

Tout se joue avant 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 ou 8 ans
FAUX. Rien n’est joué d’avance. Notre cerveau se développe pendant une trentaine d’années. Et il se transforme tout au long de notre vie, à des rythmes variés et de manière non uniforme. Il n’y a pas d’âge à partir duquel sa structure se cristalliserait définitivement. S’il existe des périodes sensibles pour certains apprentissages, la plasticité du cerveau reste étonnante. Certes, elle est maximale au cours des premières années de vie, mais elle ne se perd jamais complètement.

Pour autant, le poids de ces périodes sensibles sur les apprentissages fait débat. Si certains savoirs ne sont pas ancrés très tôt, ils seront mal maîtrisés plus tard, affirment certains experts. C’est pourquoi les efforts doivent porter, insistent-ils, sur les apprentissages de la moyenne section de maternelle au CE1 – soit chez les enfants de 5 à 8 ans.

Il existe des « périodes sensibles » pour différents types d’apprentissage
VRAI. On parle aussi de « périodes critiques ». Dans le cerveau du jeune enfant, plusieurs millions de synapses sont modifiées chaque seconde. Ce bouillonnement chamboule en permanence son jeu d’hypothèses. Les hypothèses pertinentes sont sélectivement amplifiées, tandis que les moins probables sont affaiblies ou supprimées (et les synapses inutiles éliminées). Ce processus converge progressivement pour se stabiliser. Mais, au-delà d’une certaine période, le cerveau ne revient plus sur certaines hypothèses, qu’il juge acquises. Sa plasticité s’amoindrit.

L’exemple de l’apprentissage des langues l’illustre parfaitement. Les bébés de quelques mois peuvent reconnaître tous les sons du langage humain. Mais cette capacité va rapidement chuter : vers l’âge de 1 an, elle se limitera aux seuls sons (« phonèmes ») de notre langue maternelle. C’est ainsi que les Japonais adultes sont incapables de distinguer

le son « r » du son « l » – une distinction absente du japonais. De même, après l’âge de 1 an, les petits francophones ne distinguent plus les tons de la langue chinoise, par exemple.

Pour autant, les enfants peuvent apprendre à parler couramment une deuxième langue sans fautes de grammaire et sans accent jusqu’à l’âge de 7 à 8 ans. Et tout adulte peut apprendre une langue étrangère, même sans la parler couramment.

L’attention est le premier pilier de l’apprentissage
VRAI. C’est même la porte d’entrée des apprentissages. Nous ne mémorisons aucune information si elle n’a pas d’abord été amplifiée par l’attention et la prise de conscience. Cela impose de ne pas nous laisser distraire par des informations non pertinentes. Ecartons toute source de distraction intempestive dans les classes, les chambres ou les bureaux. Vous connaissez sans doute cette fameuse vidéo de quelques minutes, où l’on vous demande de compter le nombre de passes d’un jeu de basket. Vous vous focalisez sur le ballon… et ne voyez littéralement pas le (faux) gorille qui traverse la scène de façon répétée. Presque tout le monde s’y laisse prendre.

L’engagement actif en est le second
VRAI. L’enfant n’apprend bien que s’il génère en permanence des hypothèses nouvelles. Un élève passif n’apprend guère. Comment le faire participer en cours pour que son esprit pétille de curiosité ? Qu’il anticipe sur ce qu’il croit avoir compris ? Une stratégie est d’alterner les périodes de cours magistral avec des périodes où l’enfant est sollicité par des questions. On lui demande ce qu’il a retenu, ce qu’il n’a pas compris… De fait, les enfants qui bénéficient d’un enseignement favorisant cet engagement actif ont des résultats supérieurs d’un tiers. A contrario, une absence de motivation nuit aux performances scolaires. Un sentiment de non-sens profond, une résignation, une impression d’absurdité généralisée, des émotions négatives comme l’anxiété sont autant d’obstacles.

Le stress bloque tout apprentissage
VRAI. Raison pour laquelle de nombreux experts jugent que les notes, pour l’enfant, ne sont pas un bon système d’évaluation. Elles ne lui indiquent pas précisément l’endroit où il s’est trompé et génèrent du stress. Or les émotions négatives bloquent les apprentissages : elles figent les réseaux de neurones. A contrario, les émotions positives nourrissent la curiosité et l’enthousiasme de l’enfant. D’où l’intérêt de la pédagogie par le jeu. Des logiciels ludiques d’entraînement aux maths, par exemple, peuvent s’avérer de précieux alliés, s’ils sont bien conçus.

Pour retenir dix ans nos connaissances, il faut les réviser tous les deux ans
VRAI. Apprendre une seule fois ne suffit pas. Les connaissances ne sont ni fortement imprimées ni automatisées. Pour retenir nos connaissances pendant dix ans, nous devons les réviser au bout de deux ans. Cette consolidation est un pilier de l’apprentissage.

Grâce à ces répétitions régulières, nous déplaçons un apprentissage superficiel vers des circuits cérébraux plus profonds, qui les rendent autonomes. La lecture en offre un bel exemple. Au début, on déchiffre avec lenteur les mots, d’une façon consciente qui demande

un effort considérable. Mais, à mesure que la lecture s’automatise, les circuits en jeu deviennent inconscients. Notre cortex frontal est libéré : il peut vaquer à d’autres tâches.

Plus on passe de temps à étudier, plus on apprend
VRAI ET FAUX. Bien sûr, le temps passé à apprendre compte. Mais une série d’études récentes a comparé la réussite à des tests de mémoire de deux groupes d’enfants ou d’adultes. Le premier passait tout son temps à étudier. Le second alternait des périodes d’étude et des périodes de tests des connaissances acquises, sur une même durée totale. Résultats : ce groupe mémorisait bien mieux. La leçon à en tirer, c’est que les tests jouent un rôle actif dans l’apprentissage. Certains enseignants mettent déjà en pratique cette stratégie. Ils alternent des périodes de cours magistral avec des périodes où ils interrogent leurs élèves sur ce qu’ils ont retenu.

Quand je dors, j’apprends
VRAI. Quand nous dormons, nos neurones « rejouent » vingt fois plus vite ce que nous avons appris durant la journée. Par exemple, quand un enfant dort, les neurones du mot « chien » qu’il vient d’apprendre se réactivent en accéléré : cela va l’aider à généraliser le sens de ce mot. La durée et la profondeur du sommeil, chez l’enfant, sont directement corrélées à la quantité d’apprentissage – trois fois plus que chez l’adulte.

Un immense domaine s’ouvre ici. En laboratoire, on peut augmenter la profondeur du sommeil en diffusant un bruit de vagues synchrones avec les ondes lentes du cerveau. Au réveil, les apprentissages semblent alors mieux consolidés. On sait, par ailleurs, que les adolescents ont un cycle du sommeil décalé. Si l’on retardait les horaires des cours d’une demi-heure ou d’une heure, au collège et au lycée, cela ne pourrait qu’être profitable à leurs apprentissages.

Rien ne sert de parler un langage adulte à un bébé
FAUX. Même chez des bébés de quelques mois, les aires cérébrales du langage s’activent lorsqu’ils écoutent des voix parlées dans leur langue maternelle. Bien avant qu’ils n’apprennent à lire, donc. Dès la première année de vie, ils ont appris les propriétés essentielles de cette langue maternelle. Et cela, d’autant mieux qu’ils auront été stimulés par la voix de leurs proches. Une des leçons à retenir, c’est que, lorsque vous parlez à un jeune enfant, il ne faut pas limiter votre vocabulaire ! L’enfant saura capter ce qui lui est utile pour apprendre sa langue maternelle.

La plasticité de notre cerveau étonne même les scientifiques
VRAI. Plus ils étudient le cerveau humain, plus ils s’avouent impressionnés ! Les personnes victimes d’accidents de vie témoignent de l’extraordinaire résilience de notre cerveau. Tel cet enfant brésilien qui, à l’âge de 4 ans, a reçu une balle perdue qui lui a sectionné la moelle épinière et arraché les aires visuelles du cortex. Aveugle et cloué au lit à 7 ans, il se passionne pour les langues et s’évade en écrivant des histoires, à l’aide d’un clavier connecté à un ordinateur. Ou encore cet homme, aveugle depuis l’âge de 11 ans, devenu un mathématicien émérite : son cortex visuel s’est recyclé en « aire mathématique ». Autre exemple : ce jeune peintre qui reproduit à merveille une œuvre de Monet après une seule visite au musée. Une prouesse inouïe, si l’on songe qu’il n’a qu’un seul hémisphère cérébral

– à cause d’une épilepsie dévastatrice, on a dû lui retirer presque tout le cerveau droit à l’âge de 3 ans. A contrario, certains adultes, après un minuscule accident vasculaire cérébral (AVC), restent incapables de déchiffrer des mots très simples. Pourquoi la plasticité cérébrale est-elle si capricieuse, tantôt capable de surmonter des déficits massifs, tantôt impuissante à compenser des lésions restreintes, même chez des sujets motivés ? L’âge ne fait pas tout. Le mystère demeure.

Se tromper, c’est nécessairement échouer
FAUX. L’erreur est la condition même de l’apprentissage. L’enfant qui apprend doit rapidement recevoir un « retour sur erreur ». S’il a juste, rien à changer. Sinon, il doit « remettre à jour son modèle mental ». Il faut donc décomplexer l’erreur, notamment dans l’apprentissage des mathématiques, trop souvent source de stress !

Les écrans sont à bannir
FAUX. C’est leur contenu qui importe. Les jeux vidéo peuvent être un vecteur d’apprentissage très utile. Y compris des jeux d’action non conçus à cette fin : ils peuvent apprendre à l’enfant à se concentrer, à prendre des décisions rapides… Le vrai danger, c’est le risque d’addiction, qui est réel. Bien des jeux vidéo sont conçus pour être addictifs. Il faut veiller à ce que les écrans n’envahissent pas tout, au point d’éloigner l’enfant d’autres activités comme la lecture, la musique ou le sport. Mais, si l’on contrôle ce risque, on peut tirer bénéfice de l’immense appétence des enfants à leur égard. « 

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